(Lévis) Bernard Drainville a renoncé à l’idée de faire du Québec un pays : il se rabat plutôt sur les revendications autonomistes et le nationalisme de la CAQ, puisque les Québécois sont « ailleurs ».

« Nous ne sommes pas condamnés à l’impuissance parce que nous n’avons pas tous les pouvoirs. On peut agir et améliorer notre société et améliorer la vie des Québécois avec l’autonomie qu’on a », a lancé l’ancien ministre péquiste lors d’un point de presse pour annoncer officiellement son retour en politique. Il souhaite succéder au député sortant de Lévis et actuel président de l’Assemblée nationale, François Paradis.

« Vous allez me dire, Bernard, pourquoi tu ne proposes pas l’indépendance, la forme la plus complète de l’autonomie. La réponse courte, c’est la suivante, parce que les Québécois n’ont pas d’appétit pour ce débat-là. On a passé 50 ans à en débattre. Et là les Québécois nous disent : “travailler donc dans le Canada pour nous renforcer et améliorer notre quotidien » », a-t-il ajouté.

Le premier ministre François Legault, à ses côtés lors de cette annonce, a affirmé que l’ex-animateur de radio « a fait le même cheminement », que lui, que celui de beaucoup de Québécois, soit être nationalistes à l’intérieur du Canada.

Profil économique

M. Legault a vanté le parcours de Bernard Drainville, qui s’intéresse de près à « la filière batterie, à l’économie verte, l’acier vert et l’alumium vert ». Ministre du gouvernement Marois de 2012 à 2014, l’homme de 59 ans a fait, « en seulement 18 mois », trois réformes « très importantes pour le Québec », a dit le premier ministre : les élections à date fixe, le financement des partis politiques et les bureaux de vote dans les universités et les campus.

M. Drainville de son côté a affirmé qu’il a fait le choix de revenir en politique pour servir le Québec. Il a rencontré M. Legault mercredi dernier, puis il a décidé de « quitter les estrades, de chausser à nouveau mes patins et de sauter sur la glace », même s’il avait un « très bon salaire » des « cotes d’écoute en hausse » à la radio privé.

Il a choisi la CAQ malgré des « coches mal taillées » — il a déjà fait part de ses critiques à l’interne, il ne le fera pas publiquement — « parce qu’ils sont nationalistes ». Il a vanté les gains de François Legault auprès du gouvernement fédéral depuis quatre ans. Il a obtenu, dit-il, « des milliards » en transferts avec des ententes sur les garderies, le logement social et les infrastructures, s’est-il réjoui.

La Charte des valeurs derrière lui

Il se range à 100 % derrière la loi 96 sur la langue et la loi 21 sur la laïcité. La charte des valeurs, qui a marqué son premier passage en politique avec le Parti québécois et qui allait beaucoup plus loin que la CAQ, est désormais un « souvenir », a-t-il dit.

Des critiques l’ont accusé d’avoir utilisé son micro depuis longtemps pour faire la promotion des politiques de la CAQ. « J’affirme, sans aucune ambiguïté, qu’il a été complaisant, et s’est toujours préservé d’attaquer directement la CAQ, depuis plusieurs années, et qu’il a été particulièrement dur sur des peccadilles, parfois, sur le Parti québécois et d’autres formations politiques », a accusé le député péquiste Pascal Bérubé vendredi dernier.

M. Drainville estime qu’il s’agit d’un commentaire « un petit peu cheap ». « Je vais laisser les auditeurs qui m’écoutaient juger de mon intégrité journalistique », a-t-il rétorqué. Et à ceux qui le soupçonnent d’aspirer à devenir un jour premier ministre, il rétorque qu’il souhaite que François Legault fasse un deuxième, puis un troisième mandat « si les Québécois le permettent ».

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