(Québec) Le Parti québécois (PQ) a proposé lundi un vaste plan en santé totalisant 7 milliards, incluant 3,5 milliards en nouveaux investissements, dans lequel il propose de mettre en place un service de psychothérapie universel, d’abolir le recours aux agences de placement privées et au temps supplémentaire obligatoire, de permettre à des professionnels de poser des actes médicaux sans médecin et de revoir le mode de rémunération de ces derniers.

« Sortons du cynisme en politique. Ce n’est pas la langue de bois, c’est vraiment un plan qui fonctionne. Faites-nous confiance. À la limite, je vais citer Jean-François Lisée : prenez-les, nos idées ! », s’est exclamée lundi en conférence de presse la candidate péquiste dans la circonscription de Hull, la physiothérapeute en pédiatrie Camille Pellerin-Forget.

Avec des sondages pour l’instant désastreux au niveau des intentions de vote, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a plaidé que « la démocratie n’est pas que de l’anticipation sur les résultats de chaque parti, mais bien de dresser un bilan du gouvernement actuel et de voir si d’autres partis politiques proposent mieux ou proposent différemment ».

« La CAQ n’aura pas réussi non plus à implanter un système qui attire des professionnels dans le réseau public. […] Il y a plusieurs réformes qu’on n’aura pas faites pendant quatre ans, et ça nous amène dans un système de santé où nos professionnels ne sont pas assez valorisés et où, malheureusement, le privé aura fait trop souvent concurrence à un réseau public qui a grandement besoin de tous ces professionnels », a-t-il dit.

« On est très loin du 90 minutes d’attente dans les urgences. Le pourcentage de patients sur une civière est passé de 17 % à 24 % durant l’ère de la CAQ. 60 % des consultations à l’urgence sont pour des urgences mineures. La prise en charge de la première ligne est nettement insuffisante. Des services ont carrément fermé [et] sont inaccessibles, particulièrement dans les régions. Ça, à nos yeux, c’est vraiment inacceptable », a ajouté M. St-Pierre Plamondon.

Revoir la gouvernance des CLSC

Dans son plan, le Parti québécois propose entre autres de revoir la gouvernance des CLSC afin de les affranchir des CISSS et des CIUSSS, et les doter d’un conseil d’administration démocratiquement élu. « Quand est-ce qu’on a entendu les usagers avoir voix au chapitre, durant les deux dernières années de la crise sanitaire ? Jamais. Ils ne sont plus présents dans l’organigramme. Ils ne sont plus présents dans le réseau d’aucune façon », a déploré le chef parlementaire du PQ, Joël Arseneau.

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Le chef parlementaire du Parti québécois Joël Arseneau

« Ce n’est pas normal d’aller à l’urgence pour des bobos mineurs, et il y a une façon de concevoir notre système de santé pour donner des soins de première ligne à tous. Ça passe par les CLSC, ça passe par tous les professionnels de la santé », a ajouté M. St-Pierre Plamondon.

Actes médicaux

Le Parti québécois propose également de revoir le mode de rémunération des médecins pour migrer d’une rémunération à l’acte « vers le salariat ou le forfaitaire ou vers une formule qui est davantage hybride, mixte et adaptée aux besoins du jour », a dit M. Arseneau sans donner plus de précision.

« C’est des gens extrêmement compétents, qui sont coincés dans une espèce de cercle vicieux, où ils sont toujours dépendants du médecin, qui ralentit les procédures de prise en charge puis qui ralentit l’efficacité du réseau », a plaidé la candidate péquiste dans Hull, Camille Pellerin-Forget, qui est physiothérapeute au Centre intégré de santé et des services sociaux de l’Outaouais.

Elle a donné l’exemple d’une personne qui a subi une entorse à la cheville, qui actuellement doit patienter 12 heures à l’urgence. Mais si le CLSC est ouvert 12 heures par jour, le patient s’y présente, il est pris en charge par un physio, qui pourrait prescrire une radiographie. Si elle n’est pas fracturée, le physio prendrait tout de suite en charge le patient. Si oui, il est recommandé à un orthopédiste, tout cela sans avoir besoin de demander un avis du médecin.

Enfin, s’il forme le prochain gouvernement, le PQ vise à ce que le réseau de la santé devienne le meilleur employeur au Québec, avec de meilleures conditions de travail, de la stabilité, la fin des heures supplémentaires obligatoires, etc. Cela permettrait d’assurer l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre, qui est un enjeu actuellement dans le réseau.

« Ce sont vos professionnels de la santé qui vous parlent, a conclu Mme Pellerin-Forget. Il y en a plusieurs qui ont participé à ce projet-là. Donc, vraiment, faites-nous confiance puis écoutez-nous, ça vaut vraiment la peine. »

Parmi les autres engagements du PQ en matière de santé, le parti propose d’interdire l’incorporation des médecins, qui leur permet de bénéficier du taux d’imposition des petites entreprises, alors que « les économies d’impôt réalisées par les médecins privent le réseau des moyens nécessaires pour financer les services à la population ». Les péquistes proposent aussi de revoir le Code des professions et le partage des compétences en santé, entre autres.

Avec La Presse Canadienne