Officiellement candidate de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans Sherbrooke, Caroline St-Hilaire assure que sa position a « évolué » sur le troisième lien Québec-Lévis, duquel elle s’était montrée très critique dans les dernières années. L’ajout d’une offre en transport collectif « très intéressante » l’amène aujourd’hui à soutenir le projet.

« On m’a entendu parler du troisième lien quand j’avais un chapeau de commentatrice, qui était aussi un chapeau de critique. Et je pense avoir été critique envers plusieurs formations politiques, plusieurs projets. À l’époque, quand je m’exprimais notamment sur le troisième lien, il faut se rappeler que c’était loin d’être le projet qu’on a aujourd’hui », s’est justifiée dimanche l’ancienne mairesse de Longueuil, dont la nomination dans Sherbrooke était acquise depuis plusieurs semaines.

Celle qui est aussi ex-députée bloquiste affirme que le projet et sa position ont « évolué pour plusieurs raisons, notamment parce qu’il y a une offre de transport collectif très intéressante ».

C’est devenu un réseau structurant pour l’ensemble de la région. Ça, je trouve que c’est très intéressant pour les gens de Québec et de Lévis. Je vis très bien avec le troisième lien.

Caroline St-Hilaire, candidate caquiste dans Sherbrooke

Il s’agit d’un revirement important pour Mme St-Hilaire, qui s’était montrée pour le moins critique envers le projet ces dernières années, notamment sur les ondes de LCN comme commentatrice. Elle avait entre autres réclamé un péage pour circuler dans le tunnel, une idée qu’avait balayée François Legault.

Legault s’adresse aux manifestants

Au moment où une manifestation devait se tenir dimanche contre le projet de troisième lien, à la place Jean-Béliveau d’ExpoCité, François Legault, lui, a de nouveau vanté les bénéfices de son projet évalué à 6,5 milliards.

« Quand on regarde objectivement les projections en tenant compte du télétravail, il va y avoir un problème sur les deux ponts, surtout qu’ils sont un à côté de l’autre. On a un besoin d’avoir un troisième lien pour avoir un service et des délais comparables aux ponts de Montréal », a-t-il dit.

Veut-on mettre un pont qui viendrait défigurer Québec et même, plus à l’est, l’île d’Orléans ? Moi, je ne pense pas que c’est souhaitable.

François Legault, premier ministre, déplorant la « désinformation » entourant le projet

Il a réitéré que la moitié des voies réservées au transport collectif en heure de pointe, entre les centres-villes de Lévis et de Québec, permettront aux autobus d’arrêter « de faire le grand tour par les deux ponts », ce qui sera selon lui un « incitatif important » à la mobilité.

« Il y a aussi une question de sécurité : on va continuer d’avoir besoin de camions pour livrer la marchandise », a-t-il insisté.

Le premier ministre en a aussi profité pour lancer une flèche sentie à ses détracteurs. « On peut bien critiquer, mais quelles sont les alternatives ? À part chialer, il faut arriver avec une proposition. Et moi, je pense que notre proposition, c’est la meilleure », a-t-il offert.

Chaude lutte en vue

Une chaude lutte s’annonce dans cette circonscription estrienne. Québec solidaire a d’ailleurs tenu dimanche après-midi un rassemblement mettant en vedette sa députée sortante de Sherbrooke, Christine Labrie.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Christine Labrie, députée de Québec solidaire

Cette dernière avait remporté le scrutin de 2018 en obtenant 34 % des voix, contre 25 % pour le député libéral sortant, Luc Fortin.

En 2018, on a surpris tout le monde en gagnant dans Sherbrooke. Les gens ne nous voyaient pas venir, et pourtant, on a réussi à le faire. Et on va le faire encore cette année. J’ai encore beaucoup à donner.

Christine Labrie, députée solidaire de Sherbrooke

« Plus personne n’en doute au Québec : il [François Legault] veut faire campagne sur l’immigration et sur les signes religieux. Moi, je pense que les gens de Sherbrooke ont d’autres priorités », a quant à lui affirmé le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, en se disant « confiant » de faire encore plus de gains en Estrie, incluant la réélection de sa seule députée dans la région.

Avec Christine, ça a ouvert le chemin. L’Estrie solidaire, c’est possible.

Manon Massé, co-porte parole de Québec solidaire

« J’ai envie que mon expérience serve à dynamiser Sherbrooke, qu’elle profite aux gens d’ici », a de son côté affirmé Mme St-Hilaire en conférence de presse.

Elle a souligné son attachement à la région où elle a déménagé il y a quatre ans : « C’est ici que j’ai choisi de vivre, j’aime profondément ce coin du Québec. »

M. Legault s’est quant à lui réjoui de la voir rejoindre les rangs de sa formation politique : « Pour avoir une députée à la hauteur de Sherbrooke, ça nous prenait une candidate exceptionnelle […], moi, j’ai besoin de Caroline à Québec. »

Avec La Presse Canadienne

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  • 1998-2012
    La circonscription de Sherbrooke a été acquise à l’ancien premier ministre libéral Jean Charest de 1998 à 2012, jusqu’à ce qu’il se fasse renverser par le péquiste Serge Cardin. Depuis, aucun parti n’a réussi à asseoir son influence pour plus d’un mandat.