(Montréal) Les parents québécois qui veulent se lancer dans l’aventure de l’adoption internationale auront l’obligation, à compter de 2023, de suivre un programme de préparation mis au point par le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Le programme en question, intitulé « L’adoption internationale : les premiers pas de ma réflexion », a été lancé lundi matin à Montréal par le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant.

« Prendre la décision d’adopter un ou des enfants, c’est un choix qui doit être longuement discuté et réfléchi », a fait valoir le ministre Carmant en conférence de presse.

« Ce dont on se rend compte, au fil des ans, c’est que certains parents ne sont pas prêts et surtout, c’est que l’information leur était donnée par les différents organismes qui font de l’adoption internationale. On a voulu standardiser l’information, la rendre plus adéquate et s’assurer que tous les parents soient prêts quand ils se proposent pour l’adoption internationale. »

Cette préparation se fera entièrement en ligne par une série de neuf épisodes comprenant entre autres des lectures, des vidéos et des questionnaires, afin de permettre aux candidats parents de suivre la formation à leur rythme de façon autonome.

Le programme vise non seulement à outiller les parents devant les dédales de l’adoption internationale, mais aussi à ce qu’ils puissent s’évaluer eux-mêmes au sujet de cette démarche.

Lionel Carmant a fait valoir que les candidats à l’adoption internationale se posent de nombreuses questions au moment de se lancer : « Est-ce que je suis fait pour ça ? Comment ça fonctionne ? Quelles sont les étapes à franchir ? »

« Nous avons même vu des familles qui vont outre-mer et lorsqu’elles arrivent sur place, elles réalisent que ce n’était pas ce à quoi elles s’attendaient » a raconté M. Carmant.

Les neuf épisodes de la formation portent notamment sur la motivation de base d’adopter un enfant, le vécu des enfants en contexte d’adoption, leur développement socioaffectif et les facteurs de risque et de protection. Il y est aussi question des éléments entourant le vécu de l’enfant avant l’adoption et de sa quête identitaire par la suite.

D’autres épisodes portent sur le contexte légal de l’adoption internationale, le déroulement d’un tel projet et le processus de décision l’entourant.

Ce programme de préparation vise en résumé à permettre aux parents d’identifier leurs attentes, leurs capacités et leurs limites, ainsi que les défis auxquels ils feront face, et de les mettre au fait des besoins et particularités d’un enfant adopté.

« Le programme est basé sur plusieurs projets de recherche qui ont été réalisés ici au Québec, tant du point de vue des besoins des enfants, le profil des enfants qui sont maintenant accueillis au Québec depuis les dernières années, mais également sur les besoins en information, les questions que se posent les candidats à l’adoption », a pour sa part expliqué la secrétaire à l’adoption internationale, Geneviève Poirier.

« Les parents adoptifs qui ont contribué aux différents projets de recherche nous disaient : j’aurais aimé savoir telle information. Ça m’aurait aidé à être mieux préparé pour toutes les étapes, pour accueillir l’enfant lorsqu’il va arriver, mieux comprendre par exemple la quête identitaire », a-t-elle ajouté.

Plusieurs années de recherches et d’efforts ont été mis dans ce programme, dont l’élaboration s’est amorcée en 2013, soit il y a près de dix ans.

Les parents devront tous deux suivre le programme séparément et obtiendront une attestation de participation. Bien qu’elle soit disponible dès maintenant, cette attestationdeviendra obligatoire en début de 2023 lorsque la traduction du programme en anglais sera complétée.

Le nombre d’adoptions internationales a beaucoup diminué au cours des dernières années et s’est même effondré durant la pandémie en raison des restrictions sanitaires.

Entre 2016 et 2019, le Québec accueillait en moyenne 140 enfants de l’étranger par année, mais ce nombre a chuté à 61 en 2020 et à 46 en 2021.

Le déclin s’était cependant amorcé bien avant la pandémie, a expliqué le ministre Carmant. « Les chiffres ont grandement diminué. De plus en plus de pays s’organisent pour que les enfants puissent grandir dans leur pays », a-t-il dit.

Selon Mme Poirier, les enfants adoptés l’an dernier provenaient de la Colombie, du Burundi, du Vietnam, de la Côte-d’Ivoire, des Philippines, de Thaïlande et d’Ukraine.

La formule semble avoir conquis le ministre, qui se demandait à voix haute : « Est-ce que c’est possible d’élargir un tel programme, même pour l’adoption au Québec ? »