(Montréal) La militante crie Maïtée Labrecque-Saganash sera candidate à l’investiture pour Québec solidaire dans la circonscription d’Ungava et aspire à devenir la première femme autochtone élue à l’Assemblée nationale.

« Si ma Nation pense que je peux être utile à l’Assemblée nationale, j’accepte la main tendue de Manon [Massé] et Gabriel [Nadeau-Dubois]. J’habite dans le Nord, je sais à quel point les services publics sont moins accessibles et difficilement navigables, surtout pour les Autochtones », a lancé Mme Labrecque-Saganash dimanche lors d’une conférence de presse.

Elle a l’appui des deux co-porte-parole de Québec solidaire dans cette investiture. M. Nadeau-Dubois a souligné que la jeune femme était une « complice de longue date », ils ont d’ailleurs collaboré dans le collectif Faut qu’on se parle en 2017. Il a salué son « courage », car il n’est pas facile « pour une jeune femme autochtone de faire le saut en politique dans un contexte où les élus, particulièrement les élues femmes, sont la cible de tant de haine et de discrimination, notamment sur les médias sociaux ».

Mme Labrecque-Saganash veut se faire le porte-voix des communautés qui habitent dans le nord du Québec, et qui subissent de plein fouet la pénurie de main-d’œuvre, notamment dans le réseau de la santé, et la crise du logement, par exemple.

« Après des années de gouvernements de droite qui ont saccagé le filet social et les services publics au Québec, il est temps de repenser nos systèmes et d’arrêter de prétendre que le Nord du Québec n’existe pas », a affirmé celle qui habite à Waswanipi, en Eeyou Istchee Baie-James.

Éducation

Avec la présence d’élus autochtones, elle espère que les autres députés de l’Assemblée nationale seront plus respectueux des Premières Nations. Elle accuse François Legault de les considérer comme un « groupe d’intérêt ».

Je peux comprendre qu’à l’Assemblée nationale, c’est facile de prendre des décisions quand les personnes concernées ne sont pas dans la salle. Moi, quand je vais être là, j’encourage ces personnes qui disent des énormités envers mon peuple de le faire en me regardant dans les yeux.

Maïtée Labrecque-Saganash

« Nous, les Autochtones, juste par notre présence dans des espaces législatifs, on va être capables de faire énormément d’éducation pour les gens qui siègent à l’Assemblée », a ajouté Mme Labrecque-Saganash. Cette dernière est la fille de l’avocat, négociateur et ancien député du Nouveau Parti démocratique Romeo Saganash dans la circonscription fédérale d’Abitibi–Baie-James–Nunavik–Eeyou.

Réforme de la loi 101

Contrairement aux députés actuels de Québec solidaire, Maïtée Labrecque-Saganash n’aurait pas voté en faveur de la réforme de la loi 101 du gouvernement Legault. « Personnellement, je ne l’aurais pas appuyée », a-t-elle dit. Elle dit partager les craintes de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, soit que la loi 96 met « en péril la réussite éducative des enfants des Premières Nations ». Elle note cependant que Québec solidaire propose de « protéger et pérenniser les langues autochtones », un projet qu’elle veut « mener à terme ».

Samedi, lors du Conseil national du parti, plusieurs membres et candidats avaient dénoncé l’appui de l’aile parlementaire de Québec solidaire à cette loi. Pour faire taire la grogne, M. Nadeau-Dubois et la direction du parti ont d’ailleurs fait adopter une motion pour inscrire noir sur blanc que Québec solidaire réitère notamment « ses engagements en matière de reconnaissance officielle et de protection des langues autochtones ».

Le chef parlementaire du parti a ajouté dimanche qu’il aurait accepté que des députés autochtones votent contre la décision du caucus.

D’autres candidats autochtones se présenteront pour Québec solidaire, et le parti veut en recruter davantage. Benjamin Gingras, dans Abitibi-Est, est membre de la nation anichinabée, et Michaël Ottereyes, dans Roberval, est innu et membre de la communauté de Mashteuiatsh. En 2007, Alexis Wawanoloath était devenu le premier Autochtone à siéger à l’Assemblée nationale. Il portait les couleurs du Parti québécois.