(Drummondville) Si le premier ministre Justin Trudeau persiste à refuser de céder au Québec tous les pouvoirs en immigration, le gouvernement Legault doit tenir un référendum sur la question, ont proposé des militants caquistes au congrès de leur parti. Une proposition qui a été jugée irrecevable et n’a donc pu être soumise au vote.

Les membres – un millier selon la CAQ – ont adopté les 23 propositions à saveur nationaliste et identitaire en deux heures samedi.

L’une des propositions est le cheval de bataille de François Legault en prévision des élections : on demande au gouvernement du Québec de « réitérer » sa demande au fédéral de lui « transférer l’ensemble des pouvoirs en immigration le plus rapidement possible ». Le Québec doit détenir tous les pouvoirs en matière de sélection des immigrants permanents et temporaires « afin de préserver la vitalité du français et le poids démographique des francophones », plaide-t-on.

Or le militant Kevin Serafini, de Terrebonne, a rappelé que le gouvernement Trudeau a déjà refusé de répondre à la demande de François Legault. « Nous avons à maintes reprises répété cette demande. Le Canada dit non à chaque fois depuis le gouvernement de Robert Bourassa. Pourtant, chaque fois, on prend notre trou. Ça suffit le niaisage ! » Il a suggéré que le gouvernement s’engage à tenir un référendum sur le transfert des pouvoirs en immigration. « La première initiative de la prochaine législature devra être l’organisation d’un référendum sur l’immigration », a-t-il lancé. Un modérateur des débats a refusé que cet amendement soit apporté.

Quelques instants plus tard, Isabelle Vaillancourt, militante dans Côte-Sud, a demandé à son tour que l’idée d’un référendum soit retenue.

La modératrice, la députée de Jean-Talon Joëlle Boutin, a également refusé qu’un amendement en ce sens soit ajouté et soumis au vote. « On va laisser la négociation [sur les pouvoirs en immigration] entre les mains » du gouvernement, a-t-elle expliqué.

La proposition telle que présentée par la commission politique a été adoptée par les militants.

Parmi les autres propositions adoptées lors du premier jour du congrès, la CAQ veut « accentuer l’apprentissage de connaissances liées à la culture et à la société québécoise dans le cadre de cours de francisation et d’intégration » destinés aux nouveaux arrivants.

Pour Kevin Serafini, qui fut chaudement applaudi, « cette proposition n’est pas anti-immigrant ou xénophobe ».

Nous ne craignons pas les étrangers. Nous voulons les adopter, pour ne pas qu’ils soient nos concurrents mais nos frères et nos sœurs. Le vrai antiracisme, le vrai vivre-ensemble, la vraie solidarité, c’est cette politique. C’est l’assimilation et le nationalisme.

Kevin Serafini, militant

La CAQ veut revoir les programmes de français au primaire et au secondaire afin d’améliorer la maîtrise de la langue. Elle milite pour la création d’un musée de l’Histoire nationale du Québec et de chaires de recherche dans les universités qui « prioriseraient, dans différents domaines, l’étude du Québec et qui correspondraient à ses priorités ».

Dans une proposition qui détonnait un peu par rapport au thème principal du congrès – la « fierté » –, on demande au gouvernement d’« améliorer […] l’efficacité de l’État, tout en réfléchissant au nombre, à la dimension et à la structure des ministères et organismes publics ». Des militants ont déploré que cette proposition soit « trop vague », pas assez musclée. Ils ont suggéré que le parti s’engage à réduire le nombre de ministères. Cet amendement a été jugé non recevable. Le gouvernement Legault aura ajouté deux ministères au cours de son mandat (celui de la Cybersécurité et du Numérique, et celui de la Langue française).