(Québec) Le massacre de 19 écoliers et deux enseignants dans une école du Texas doit servir d’électrochoc pour mobiliser les politiciens d’ici à endiguer la violence par armes à feu, croient les partis d’opposition à l’Assemblée nationale. De son côté, la mairesse de Montréal demande à Ottawa de légiférer pour interdire les armes de poing.

« Le sentiment qui m’habite aujourd’hui, c’est que je suis vraiment tannée d’être sans mot. Chaque fois qu’il y a des tueries, on dit, on est sans mot, on voit la désolation pour les parents, on voit la désolation de ce qui se passe, puis on se dit : Mais comment ça se fait que ça se reproduit, puis ça continue de se reproduire ? », a déploré la cheffe libérale Dominique Anglade en point de presse mercredi.

Mme Anglade souligne que le Québec est lui aussi aux prises avec un problème de violence par armes à feu. « On voit qu’il y a des fusillades qui augmentent, on le voit. Hier, c’est dans une garderie qu’il y a eu des projectiles. On ne peut pas faire la comparaison de ce qui s’est passé, puis loin de moi l’idée de vouloir le faire, mais il faut quand même qu’on fasse tout notre possible pour faire en sorte qu’on investisse dans la prévention pour faire en sorte qu’on ait un meilleur contrôle du trafic d’armes illégales. Ça, ça doit se faire aussi chez nous », a-t-elle affirmé.

Mme Anglade a martelé que « l’éducation » joue un rôle primordial dans cette lutte : « Il faut que l’alternative de ne pas s’impliquer dans des gangs, l’alternative de ne pas faire ça, qu’elle existe réellement. Puis ça, ça s’appelle de l’espoir, ça s’appelle donner de l’espoir à nos jeunes. Et là, aujourd’hui, il y a un manque dans notre société ».

Même discours chez Québec solidaire. Gabriel Nadeau-Dubois affirme que la cause de la « culture de la violence », « c’est l’exclusion sociale, c’est la marginalisation qui déchire certains quartiers, notamment dans la grande région de Montréal. ». « Et tant qu’on ne s’attaquera pas à ça, on va être condamné à éternellement panser les plaies plutôt que de s’attaquer au nœud du problème », a-t-il indiqué.

Agir sur les armes de poing

M. Nadeau-Dubois estime également que la patience du Québec a atteint sa limite quant à l’interdiction des armes de poing. « La position du fédéral, c’est de dire aux municipalités d’interdire les armes de poing. Ça, il y a consensus chez à peu près tous les experts que ça ne tient pas la route. […] L’idéal, c’est une interdiction mur à mur sur l’ensemble du Canada, mais si le fédéral continue à refuser de le faire, nous, on pense que l’autre meilleure option, c’est de le faire sur le territoire québécois », a dit le leader parlementaire de Québec solidaire.

« Les évènements comme ceux des dernières heures aux États-Unis, c’est un rappel brutal que non seulement on a bien fait dans le passé d’être beaucoup plus sévères que les Américains là-dessus, puis qu’on a aussi des pas à faire dans l’avenir, notamment en interdisant les armes de poing », a-t-il affirmé.

PHOTO PAUL CHIASSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Paul St-Pierre Plamondon

De son côté, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon exige un contrôle plus serré aux frontières, et un investissement beaucoup plus important dans les services policiers. « Je me mets dans la peau des parents, c’est d’une tristesse infinie et ça nous touche au Québec. Le même jour, nos médias rapportent des balles qui ont traversé une garderie à Rivière-des-Prairies. Je pense qu’il y a une prise de conscience à faire ici, au Québec, sur la sécurité, sur les armes à feu », a souligné M. St-Pierre Plamondon.

Il affirme que la moitié des armes d’épaules ne sont toujours pas enregistrées au Québec, et exige une modernisation du contrôle des armes à feu. Comme Québec solidaire, il croit que puisque le fédéral n’agit pas, il faut « s’approprier ces compétences ». À son avis, le plan du gouvernement Legault n’est « pas convaincant ». « Quand une garderie se fait tirer dessus, si ça nous ne révolte pas comme société, je ne sais pas ce que ça va nous prendre », a-t-il dit.

Montréal demande à Trudeau d’agir

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Valérie Plante

De son côté, la mairesse de Montréal Valérie Plante a demandé à nouveau au gouvernement fédéral de Justin Trudeau de légiférer pour « s’assurer que les armes de poing sont illégales et que l’on contrôle de façon encore plus importante les armes d’assaut », a-t-elle dit lors d’une rencontre du comité exécutif de la Ville.

Elle demande à tous les chefs de partis politiques québécois d’appuyer cette demande de la Ville. « Il y a un consensus ici, chez nous : des armes, on n’en veut pas. Il faut qu’il y ait une volonté ferme de combattre à la source ce trafic d’armes. On veut tous s’assurer que nos communautés, nos populations soient en sécurité », a-t-elle dit.