(Laval) Les aspirants-chefs conservateurs s’apprêtent à s’affronter dans un débat en français, mercredi soir à Laval, et les questions entourant le projet de loi 96, adopté la veille par l’Assemblée nationale, s’inviteront sans doute.

Un segment thématique aura pour but que les candidats indiquent ce qu’ils feraient pour assurer à leur formation politique plus de sièges au Québec. Les six adversaires pourront donc saisir la balle au bond pour confronter leurs positions sur une possible intervention fédérale dans des contestations judiciaires de la réforme caquiste de la Charte de la langue française – la loi 96 à être sanctionnée.

Aux yeux du consultant et analyste politique Rudy Husny, il est clair que cet enjeu sera abordé même si le modérateur ne posera probablement pas de question directement sur ce point.

« Je pense que, de façon proactive, certaines campagnes vont vouloir en parler », a dit en entrevue avec La Presse Canadienne celui qui est aussi un ancien prétendant à la chefferie conservatrice.

M. Husny a souligné que le candidat Scott Aitchison a notamment signalé son opposition ferme au projet de loi 96 dans une déclaration relayée sur Twitter. À son avis, les candidats qui n’arrivent pas à s’exprimer en français sont mal placés pour critiquer la pièce législative.

Le débat de mercredi soir s’annonce aussi comme la première occasion pour d’autres candidats comme l’ex-premier ministre québécois Jean Charest ou Pierre Poilievre – député ontarien considéré comme le meneur de la course – de prendre position clairement.

« La loi 21, on connaît les positions, mais la loi 96, ça va être intéressant de voir ce qu’ils vont dire et comment ils vont le dire », a soutenu M. Husny.

Chose certaine, le maire de Brampton Patrick Brown saisira vraisemblablement l’occasion de ramener sur le tapis la question de la contestation de la Loi sur la laïcité de l’État, lui qui a entraîné d’autres villes que la sienne dans sa croisade financière.

Sécurité publique et langues officielles, entre autres thèmes

Le Parti conservateur du Canada (PCC) a confirmé à La Presse Canadienne les 10 thèmes de la joute oratoire, laquelle risque d’être dominée par des échanges entre Pierre Poilievre et Jean Charest, puisqu’ils sont ceux qui maîtrisent le mieux la langue de Molière.

Outre se prononcer sur les façons de faire des gains au Québec, les aspirants-chefs devront aussi afficher leurs couleurs sur la sécurité publique, l’environnement et l’énergie, les langues officielles, l’inflation, le commerce, l’immigration, la santé, les affaires étrangères ainsi que leur vision du futur du PCC.

Le format du débat sera aussi différent de celui qui s’est déroulé en anglais, plus tôt ce mois-ci, et dont la formule avait suscité bien des critiques. La formation politique a fait savoir à La Presse Canadienne que chaque thème donnera lieu à un débat ouvert de quatre minutes, après la fin d’un tour de parole accordée à chacun, à tour de rôle.

Les candidats se verront par ailleurs imposer une règle : l’interdiction de prononcer le nom d’un de leurs rivaux. L’idée derrière cela est de centrer le débat autour d’échanges de points de vue plutôt que d’attaques personnelles, a indiqué un porte-parole du PCC.

Si un candidat contrevient, il se verra amputé d’une partie de son temps de parole, a-t-on précisé. Aucun effet sonore tel que celui du trombone triste (« sad trombone »), qui a retenti à plusieurs reprises au cours de la joute oratoire en anglais, ne devrait se faire entendre cette fois-ci.

Le débat de mercredi soir, qui doit débuter à 20 h, est le dernier de ceux qui ont été annoncés par le PCC.

Les candidats ont jusqu’à la fin de la semaine prochaine pour convaincre des partisans d’acheter des cartes de membres du parti. Cela permettra à ces derniers de voter pour la personne qu’ils désirent voir succéder à Erin O’Toole. Le vainqueur de la course, élu au moyen d’un scrutin préférentiel, sera connu le 10 septembre prochain.