Jason Kenney a confirmé vendredi matin que pour maintenir la continuité et la stabilité au sein du gouvernement albertain, il resterait premier ministre jusqu’à ce qu’un nouveau chef du Parti conservateur uni soit choisi.

La veille, le président du caucus conservateur, Nathan Neudorf, avait annoncé que les députés avaient décidé que M. Kenney devrait rester en poste jusqu’à ce qu’un nouveau chef soit choisi.

M. Kenney, qui n’avait pas parlé aux journalistes jeudi après la réunion du caucus, a indiqué vendredi qu’il était important de rester concentré sur les priorités en Alberta, notamment la réduction des temps d’attente en santé et la croissance de l’économie.

Le premier ministre démissionnaire a fait ces commentaires aux journalistes invités à prendre des photos et filmer les ministres de son cabinet qui lui ont accordé une ovation avant le début de leur réunion de vendredi matin, à Calgary. M. Kenney a expliqué que cet accès aux médias avait été organisé pour démontrer que son gouvernement demeurait concentré sur les priorités publiques de l’Alberta.

« Je [partirai] dès que le parti aura élu un nouveau chef, a confirmé M. Kenney, qui a parlé pendant cinq minutes. Hier [jeudi], le caucus s’est réuni et a affirmé son soutien à cette approche, permettant au gouvernement de maintenir la continuité et la stabilité et de continuer à se concentrer sur les priorités de la population.

« C’est un moment critique dans l’histoire de l’Alberta. Nous sommes déterminés à avoir l’œil sur le ballon. »

Comme la veille, le premier ministre n’a pas répondu aux questions des journalistes, vendredi. Il ne l’a pas fait, au demeurant, depuis qu’il a annoncé, mercredi soir, qu’il quittait son poste de chef du Parti conservateur uni, après avoir obtenu un peu plus de 51 % d’appuis lors d’un vote de confiance des militants.

Un certain nombre de ses opposants au sein du caucus ont demandé à M. Kenney de partir immédiatement, afin de guérir les divisions et permettre à un chef par intérim de prendre le relais jusqu’à ce qu’un remplaçant permanent soit choisi.

Le plus virulent de ces opposants, Brian Jean, cofondateur du Parti conservateur uni, a refusé de commenter vendredi. Son porte-parole, Vitor Marciano, a indiqué que M. Jean souhaite « laisser les Albertains et la base [du parti] digérer les évènements inhabituels des deux derniers jours ».

M. Kenney a annoncé mercredi soir qu’il quittait la direction du parti, après avoir reçu 51,4 % sur les quelque 34 000 bulletins de vote. En vertu des statuts du parti, ce seuil de la majorité simple était suffisant pour rester en poste, mais M. Kenney a estimé que ce n’était pas suffisant pour maintenir la confiance et mater la dissension dans les rangs conservateurs.

Son attaché de presse a déclaré ce soir-là que M. Kenney partirait une fois qu’un chef intérimaire aurait été choisi.

Une semaine étonnante

Le politologue Duane Bratt, de l’Université Mount Royal de Calgary, estime que cette semaine a été difficile à suivre. « En l’espace de 24 heures, voilà un premier ministre qui dit qu’il a remporté un vote de confiance [puis] annonce qu’il démissionne malgré tout, mais qu’il va rester en fonction, résume le professeur Bratt. C’est absolument incongru […] déconcertant. »

Le politologue estime que tout cela brouille également la course à la direction au parti. « Si vous êtes un ministre qui se présente à la chefferie, vous devez vous éloigner du premier ministre parce qu’il y a une raison pour laquelle il démissionne : il est impopulaire, a-t-il expliqué.

« Alors, comment faites-vous si M. Kenney est toujours premier ministre ? Ça vous met dans une drôle de position, très difficile. »

Le porte-parole du parti, Dave Prisco, a indiqué vendredi que le mécanisme de planification de la course à la direction était amorcé. « Le conseil s’est réuni hier soir [jeudi] pour examiner les statuts du parti et les prochaines étapes », a déclaré M. Prisco dans un communiqué.

« La prochaine tâche consiste à nommer un comité d’élection dont le travail consistera à élaborer les règles et les procédures de la course. Il devra notamment déterminer les délais et les frais d’admission, ainsi que d’autres procédures qui s’appuient sur les règles existantes dans nos règlements. »

La porte-parole de l’opposition néo-démocrate, Kathleen Ganley, a déclaré que le gouvernement Kenney continuerait d’être préoccupé par ses problèmes internes au détriment d’enjeux qui comptent pour les Albertains, comme la hausse des coûts des aliments et de l’énergie.

« Au cours des dernières 48 heures, il est devenu clair que le Parti conservateur uni est complètement à la dérive, a déclaré Mme Ganley. Le parti est divisé, ses députés sont divisés. »

M. Kenney a soutenu que la colère des membres du parti et du caucus à propos des décisions qu’il avait prises pour limiter les libertés individuelles pendant la pandémie avait déclenché la colère contre lui et conduit à des critiques ouvertes de son leadership – et finalement à un vote de confiance décevant.

Ses opposants au sein du caucus ont déclaré que le mécontentement ne concernait pas seulement les politiques sanitaires, mais également le style de gestion de M. Kenney, qu’ils considéraient comme condescendant, dédaigneux et antidémocratique.