(Ottawa) Le ministre du Développement international Harjit Sajjan a déclaré que la Russie a posé des mines dans les champs ukrainiens pour empêcher les agriculteurs de cultiver leurs récoltes.

S’exprimant après une réunion des ministres du Développement du G7 à Berlin, M. Sajjan a déclaré que le premier ministre ukrainien Denys Shmyhal leur a dit que les troupes russes plaçaient des mines dans les champs pour ruiner les récoltes.

Les soldats russes auraient également dérobé les magasins d’alimentation de l’Ukraine, rappelant aux Ukrainiens la « famine terroriste » des années 1930 lorsque Staline exigeait les céréales et la nourriture disponibles de l’Ukraine.

Le ministre du Développement international, qui se rend en Afrique pour des entretiens sur la sécurité alimentaire, a déclaré que la situation était « catastrophique » et que tout devait être fait pour aider à libérer les réserves de blé de l’Ukraine afin de nourrir le monde en développement.

Il prévoit parler à sa successeure au poste de ministre de la Défense, Anita Anand, de l’envoi d’experts canadiens pour aider à déminer les champs ukrainiens.

« J’en parlerai à la ministre Anand et de la manière dont nous et d’autres alliés de l’OTAN pouvons aider à nettoyer certains de ces champs », a-t-il déclaré.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré lors de sa visite en Ukraine au début du mois qu’elle avait été avertie que les troupes russes avaient posé des mines dans des terrains de jeux, des parcs et autour de maisons.

On lui a dit de ne pas descendre du trottoir à Irpin, une banlieue de la capitale Kyiv, car les troupes russes avaient enterré bon nombre de mines avant de se retirer.

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé lors de la visite en Ukraine avec Mme Joly que le Canada fera un don de 2 millions à HALO Trust, un organisme sans but lucratif voué au déminage, pour aider l’Ukraine.

Heather McPherson, porte-parole du NPD en matière de développement international, affirme que le Canada, qui possède une expertise en matière de déminage, devrait aider à rendre les champs ukrainiens sûrs pour les agriculteurs afin qu’ils puissent planter et récolter leurs cultures.

Dans une entrevue, M. Sajjan a averti que la Russie répandait également la désinformation dans le monde en développement, accusant l’Occident de la hausse des prix des denrées alimentaires et des pénuries après l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine.

Ceci est délibéré, a déclaré M. Sajjan, pour accroître la sphère d’influence du président Poutine en Afrique et dans d’autres régions.

Dans des propos lors d’un débat au Conseil de sécurité de l’ONU à New York jeudi, Mme Joly a affirmé que M. Poutine, et non les sanctions occidentales contre la Russie, était à blâmer pour la crise alimentaire mondiale.

« Nous avons fait d’énormes progrès dans la lutte contre la faim au cours des dernières décennies, mais tous ces gains reculent », a-t-elle déclaré, à cause du changement climatique, de la COVID-19 et des conflits.

La ministre des Affaires étrangères a déclaré que la faim et les crises humanitaires étaient plus importantes que tout ce que l’on a vu ces dernières années.

« Plus récemment, nous avons vu comment l’invasion de l’Ukraine par le président Poutine accélère directement cette tendance. Et soyons clairs : l’invasion par la Russie est à blâmer, pas les sanctions », a-t-elle déclaré.

Elle a déclaré que le conflit en Ukraine est « le plus grand choc pour les systèmes alimentaires mondiaux – déjà fragiles – au cours des 12 dernières années ».

« En attaquant l’un des greniers du monde et en cherchant à couper l’économie ukrainienne, la Russie détruit la capacité de l’Ukraine à approvisionner le monde en nourriture, a-t-elle fait valoir. Elle bloque les ports de l’Ukraine, déplace les agriculteurs et les travailleurs, ravage ses terres agricoles et attaque les infrastructures civiles à grande échelle. »

L’Ukraine est l’un des plus grands exportateurs de céréales au monde, mais il est incapable d’exporter des céréales vers ses marchés, y compris dans les pays en développement d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient, à la suite de l’invasion russe.

Le Liban, le Bangladesh et les pays d’Afrique du Nord comptent parmi les plus gros clients de l’Ukraine pour le blé, un aliment de base.

M. Sajjan a déclaré que le blocus par la Russie du port ukrainien d’Odessa aggraverait les pénuries alimentaires mondiales et qu’il était urgent de « faire sortir le grain ».

« Le monde entier, y compris l’Afrique, doit envoyer un message à Poutine pour permettre l’ouverture du port afin que le grain puisse sortir », a-t-il déclaré. Il a averti qu’une pénurie alimentaire mondiale pourrait alimenter les conflits.

Julie Marshall, du Programme alimentaire mondial des Nations unies, a déclaré qu’il y avait eu de fortes hausses des prix internationaux des aliments de base, notamment le blé et le maïs, avec la flambée des prix internationaux du carburant aggravant la situation.

Ensemble, l’Ukraine et la Russie représentent 30 % des exportations mondiales de blé, 20 % des exportations mondiales de maïs et 76 % des approvisionnements en tournesol, selon l’ONU.

Mme Joly a déclaré plus tôt cette semaine que le Canada se préparait à envoyer ses navires dans les ports roumains et d’autres pays européens pour transporter du blé ukrainien afin de briser le blocus de Poutine.

La ministre de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, a également discuté avec ses homologues du G7 d’une aide alimentaire pour le monde en développement, ainsi que d’une aide pour l’Ukraine.

Mais elle a averti que le Canada et les États-Unis avaient eu une récolte plus faible l’année dernière en raison de la sécheresse, de sorte que les stocks de céréales étaient inférieurs à la normale.

M. Sajjan a affirmé que s’il n’y avait pas assez de blé disponible, le Canada pourrait être en mesure d’envoyer des réserves d’autres aliments, notamment des pommes de terre et des carottes, pour aider les pays à lutter contre la faim.