(Ottawa) La commission fédérale des débats affirme que les débats de la prochaine élection fédérale devraient avoir un format plus simple et une meilleure modération pour se concentrer davantage sur les propos des chefs que sur les questions qu’on leur pose.

« Il est généralement admis que les débats de 2021 n’ont pas réussi, dans la mesure attendue, à informer les électeurs sur les politiques des différents partis », est-il indiqué dans le rapport final de la Commission des débats des chefs sur les évènements télévisés à l’échelle nationale en 2021.

Beaucoup de gens se tournent vers les débats des chefs lors d’une élection pour le « coup de grâce », lors duquel un politicien obtient un si bon coup sur un adversaire que ses efforts de campagne dégringolent.

Mais, en 2021, c’est la pique d’une modératrice qui a laissé la plus grande impression. Shachi Kurl, la présidente de l’Institut Angus Reid, a demandé au chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, pourquoi il défendait des lois provinciales « discriminatoires » sur les symboles religieux et la langue française, qui, selon elle, marginalisaient les minorités et les anglophones.

M. Blanchet était furieux et a accusé Mme Kurl d’avoir qualifié sa province de raciste. Le premier ministre François Legault a exigé des excuses et la plupart des autres chefs de partis ont passé les jours suivants à répondre à des questions pour savoir s’ils étaient d’accord avec le sentiment de Mme Kurl au sujet des lois québécoises.

Mais ce n’est pas seulement la performance de Mme Kurl qui a laissé certains téléspectateurs mécontents.

« Un consensus s’est dégagé parmi les parties prenantes consultées sur le fait que le format était trop rigide, trop complexe, trop confus, que trop de journalistes étaient présents sur scène et qu’il ne suscitait pas suffisamment de débats entre les chefs », est-il écrit dans le rapport.

Il y avait aussi trop de questions.

Lors du débat électoral de 2008, huit questions ont été posées aux chefs dans un délai de deux heures. En 2021, cela a presque quadruplé pour atteindre 45.

La commission souhaite avoir le dernier mot sur le format et le modérateur, après consultation d’experts.

Il s’agissait de la deuxième élection au cours de laquelle les débats des chefs – un en français et un en anglais – étaient animés par la commission. L’audience des deux débats a chuté, mais davantage du côté anglais.

Le débat en français a attiré une audience totale de 4,3 millions de personnes en 2021, contre 5 millions en 2019. L’audience du débat en anglais s’est élevée à 10,3 millions, contre 14,2 millions deux ans plus tôt.

La commission, dirigée par l’ancien gouverneur général David Johnston, a déclaré que la faible audience pourrait être en partie imputée à l’élection elle-même, qui a eu lieu à la fin de l’été pendant une pandémie, avec un engagement global des électeurs plus faible et une participation plus faible au final.

Mais le rapport a indiqué qu’il était clair que les débats n’ont pas réussi à améliorer considérablement ce que les gens savaient sur les politiques des partis, ce qui est un problème.

Avant 2019, les débats électoraux étaient organisés par un consortium de réseaux de télévision, qui travaillait avec les partis politiques pour déterminer le moment et le format. En 2015, Stephen Harper, alors premier ministre, a refusé de participer aux débats du consortium en anglais, bien qu’il ait finalement pris part à un en français.

Plusieurs débats en anglais ont eu lieu cette année-là, animés par différents médias et groupes de réflexion, avec une audience relativement faible. L’audience anglaise variait de 1,5 million à 4,3 millions pour trois débats et les deux débats en français avaient des audiences de 985 000 et 1,2 million.

La commission des débats a ensuite été formée en 2018 pour créer une meilleure expérience. Le rapport sur les débats de 2021 a souligné qu’il y avait encore du travail à faire pour les améliorer, mais qu’il s’agissait toujours d’une bonne décision d’avoir une commission des débats permanente et financée par l’État.