(Québec ) Ce qu’on appelle de l’étalement urbain peut également être du développement régional, prévient le gouvernement Legault, qui souligne que pour « servir les régions, ça prend des routes ».

« Il faut être prudent. Quand on parle d’étalement urbain, il faut se poser la question : est-ce qu’on fait du développement régional ? L’important, c’est de créer des bons milieux de vie », a prévenu la ministre des Affaires municipales Andrée Laforest mardi à l’Assemblée nationale.

La ministre doit déposer dans les prochaines semaines une politique d’aménagement du territoire très attendue par une nouvelle génération de maires et mairesses, qui demandent à Québec d’avoir les outils pour densifier leurs villes et lutter efficacement contre les changements climatiques.

Ceux-ci estiment que la densification est inévitable pour construire la ville de demain, et s’opposent à la vision du ministre des Transports François Bonnardel, qui croit plutôt que la densification est une « mode ».

La ministre Laforest demande aux maires d’être patients, et affirme que sa politique sera déposée dans les prochaines semaines. Elle défend toutefois son collègue : « dans le développement urbain, oui, il y a des tendances », a-t-elle dit.

« Dans les dernières décennies, il y a eu des condos, il y a eu des résidences, c’est ce que vous avez construit durant les dix et dernières années. Maintenant, il y a moyen de construire autrement. Il y a des plex, il y a des maisons en rangée, il y a des maisons multigénérationnelles. Donc, oui, il y a des moyens. On va y réfléchir. On va déposer notre vision, notre politique, prochainement, et vous allez voir que c’était très, très audacieux », a-t-elle dit.

Des idées des années 50

En chambre, le gouvernement Legault a été qualifié de passéiste par les partis d’opposition. « La densification, ça ne veut pas dire élever une famille dans un condo au centre-ville », a lancé le leader parlementaire libéral, André Fortin, qui a dénoncé les « idées sorties tout droit des années 50 » du ministre Bonnardel.

Pour le chef parlementaire de Québec solidaire, deux visions s’affrontent. « Il y a la vision du passé : plus d’étalement urbain, plus de pollution dans l’air et donc plus de trafic. Et il y a la vision d’avenir : plus de densité, plus de protection de l’environnement et donc plus de qualité de vie », a-t-il dit.

La péquiste Méganne Perry Mélançon, députée de Gaspé, affirme de son côté qu’une « bonne politique d’aménagement du territoire est un outil essentiel pour favoriser le dynamisme des communautés, l’abordabilité des logements et la protection des milieux naturels. » « Pourtant, le ministre des Transports n’en finit plus de faire des déclarations qui révèlent sa vision passée date de l’aménagement et de la protection du territoire québécois », a-t-elle déploré.

Le premier ministre François Legault a répliqué qu’il est d’accord avec l’idée que les grandes villes « doivent se densifier », mais il ajoute que « les régions ont le droit de se développer » et que Québec solidaire « veut faire un moratoire sur le développement des régions ».

« Nous, on pense qu’il faut développer les régions. Puis, pour servir les régions, bien oui, ça prend des routes », a-t-il ajouté.