(Québec) Dominique Anglade fera confiance à l’ex-candidate à la mairie et ancienne conseillère municipale de Mont-Royal Michelle Setlakwe, dans Mont-Royal–Outremont, circonscription laissée vacante par Pierre Arcand. Cette avocate de carrière s’oppose à la loi 21 sur le port des signes religieux et au projet de loi 96 sur la protection de la langue française.

La cheffe libérale a confirmé lundi qui briguera les suffrages dans Mont-Royal–Outremont, quelques heures après la confirmation que le ténor libéral Pierre Arcand ne solliciterait pas de nouveau mandat aux élections générales de 2022. L’ex-ministre et ancien chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ) a confirmé en entrevue avec La Presse dimanche qu’il passait maintenant le flambeau.

Le choix de Dominique Anglade s’est arrêté sur Michelle Setlakwe, femme bien connue de son milieu. Avocate en droit des affaires chez Norton Rose pendant 10 ans, celle qui défendra les couleurs du PLQ a été conseillère municipale de Mont-Royal de 2016 à 2021. Elle avait par ailleurs tenté de se faire élire à la mairie aux élections municipales de 2021, mais avait terminé deuxième.

Originaire de Thetford Mines, Mme Setlakwe, qui habite la circonscription depuis une trentaine d’années, estime qu’il est temps de travailler sur des enjeux comme la pénurie de main-d’œuvre, la hausse du coût de la vie et les changements climatiques. « À mon sens, les sujets à saveur nationaliste, identitaire qui nous divisent ne devraient pas occuper autant de place dans le débat public », a-t-elle expliqué.

Invitée à préciser sa pensée en conférence de presse, la nouvelle recrue a cité la loi 21 sur le port des signes religieux et le projet de loi 96. « [Ce sont] des projets de loi qui, à mon sens, vont trop loin, qui briment les libertés individuelles de certaines communautés et certains de nos concitoyens », a expliqué Mme Setlakwe, qui « a grandi dans un milieu familial bilingue ».

Trouver « l’équilibre »

Elle a relaté avoir choisi de poursuivre ses études supérieures en français après avoir réalisé le début de son parcours scolaire en anglais. « Notre jeune génération devrait être exposée à autant de langues que possible », soutient la mère de trois adolescents. « Je suis bilingue et je n’ai pas peur du bilinguisme », a-t-elle ajouté dans une réponse en anglais, rappelant l’importance de trouver « l’équilibre » entre la protection du français et la protection des droits des communautés anglophones.

En plus d’être au plus bas dans les sondages, les libéraux de Dominique Anglade prêtent flanc à la critique alors que deux formations politiques de défense des communautés anglophones, insatisfaites du PLQ, ont vu le jour récemment. « Je suis une libérale depuis toujours, je me présente, je vais au front… Le message que j’ai pour tous les libéraux, c’est : revenez au bercail, faites-vous entendre », a-t-elle lancé.

Château fort libéral, Mont-Royal–Outremont était détenue par Pierre Arcand depuis la fusion des circonscriptions Mont-Royal et Outremont en 2018, mais Outremont a été aux mains du Parti libéral du Québec depuis 1976, tout comme Mont-Royal, qui appartient aux libéraux depuis 1973.

Sur un caucus de 27 députés, 11 libéraux ont confirmé jusqu’à présent qu’ils ne reviendraient pas en 2022.

Départ de Pierre Arcand

L’ex-chef intérimaire du PLQ Pierre Arcand a participé lundi à l’annonce de sa successeure pour confirmer qu’il ne sera pas sur les blocs de départ en 2022. Mme Anglade a parlé du départ « d’un grand sage qui a occupé tous les postes » et d’un « conseiller extraordinaire » qui ne sera pas oublié dans les rangs libéraux.

Après 15 ans de politique, Pierre Arcand part avec le sentiment d’avoir « donné » au service public, lui qui a occupé plusieurs portefeuilles, dont le Conseil du trésor, l’Environnement et l’Énergie et les Ressources naturelles. Il s’estime fier d’avoir ratifié l’entente entre le Québec et la France en matière de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles à titre de ministre des Relations internationales en 2009.

L’adoption du projet de loi 89 qui est venu modifier la Loi sur la qualité de l’environnement pour instaurer un nouveau système de sanctions administratives pécuniaires, en 2011, et le rachat par Québec du secteur d’expédition stratégique de la Pointe-Noire à Sept-Îles, dans la foulée de la faillite d’un géant minier, sont au nombre de ses réussites, énumère-t-il.