(Québec) Au lendemain de sa rencontre avec la gouverneure générale Mary Simon, le premier ministre François Legault affirme qu’elle a « encore du travail à faire » dans son apprentissage du français.

Mme Simon avait déclenché la controverse lors de sa nomination en juillet 2021 à ce poste de cheffe de l’État et représentante de la reine, parce qu’elle ne parlait pas cette langue.

Elle a été reçue avec les grands honneurs par le premier ministre à sa première visite officielle à Québec mercredi, même si la Coalition avenir Québec (CAQ) réclame officiellement l’abolition du poste de représentant de la reine au Canada et au Québec. L’accueil réservé par le gouvernement a été vivement dénoncé par le Parti québécois.

L’entretien s’est déroulé en partie en français et en partie en anglais, a précisé M. Legault dans une mêlée de presse jeudi matin au parlement.

« Mme Simon est en train de suivre des cours personnels de français, mais il y a encore du travail à faire », a-t-il conclu de ses échanges avec elle. Il a souligné qu’elle a été « capable de prononcer quelques phrases », selon ses mots.

« Ce n’est sûrement pas idéal » d’avoir un chef d’État qui ne parle pas une des deux langues officielles du pays, a-t-il convenu.

Rappelons que la CAQ prônait l’abolition de la fonction de lieutenant-gouverneur, le représentant de Mme Simon au Québec, mais selon M. Legault, ce n’est pas une priorité des Québécois.

« Tous ces changements devraient être approuvés par gouvernement fédéral et c’est complexe. J’aimerais mieux ne pas avoir de représentant de la reine, mais selon moi, c’est trop complexe. »

M. Legault dit qu’il a rencontré Mme Simon « d’abord par courtoisie » et que l’entretien avait été organisé à la demande de la gouverneure générale.

Il a indiqué qu’ils ont discuté des relations avec la communauté inuite, dont Mme Simon est issue.

PQ

Le Parti québécois, qui prône l’indépendance, a dit avoir refusé de rencontrer la gouverneure générale et a condamné avec virulence l’accueil protocolaire que lui a réservé M. Legault.

« Elle représente la reine d’Angleterre, chef de l’Église anglicane, qui nous rappelle chaque fois qu’on a été battus par la Conquête », s’est insurgé durant un point de presse le député péquiste Pascal Bérubé, en ironisant : « Nous, on va dire : “bienvenue à l’Assemblée nationale. Merci de nous rappeler ça. En passant, si ça vous intéresse ? Les plaines d’Abraham (où a lieu la bataille qui a scellé le sort de la Nouvelle-France) sont à côté. On pourrait aller faire un tour”. »

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon y voit un symbole parfait du nationalisme de façade du gouvernement Legault.

« Est-ce qu’il y a un symbole plus fort de la domination coloniale que la représentante unilingue anglophone de la reine d’Angleterre qui vient ici, puis là, on a notre premier ministre soi-disant nationaliste, qui est en fait un fédéraliste accoté, qui sort le tapis rouge, les drapeaux, puis qui dit : “un bel entretien en anglais sur je ne sais quel sujet”. Quel pouvoir, quelle légitimité a-t-elle ? »

Le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a pour sa part laissé entendre qu’il avait décliné une invitation de la gouverneure générale parce qu’il avait autre chose à faire de son temps.

La cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, a pour sa part eu un entretien avec Mme Simon.