(Québec) Le gouvernement et la Ville de Montréal pourraient « reprendre la technologie » du REM pour leur projet dans l’Est, car elle « n’appartient pas » à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), soutient la ministre déléguée des Transports, Chantal Rouleau. Elle précise que le gouvernement se dotera des mêmes pouvoirs exceptionnels qu’il avait octroyés à la CDPQ pour accélérer la réalisation du REM de l’Est 2,0, notamment en matière d’expropriation.

Mercredi, lors de l’étude des crédits budgétaires de la métropole, dont Mme Rouleau a la responsabilité, les partis d’opposition ont tenté d’obtenir des détails sur la nouvelle version du REM de l’Est qui est pilotée par le gouvernement et la Ville et dont la CDPQ est écartée.

« On peut encore parler d’un projet autour de 10 milliards », a répondu la ministre, rappelant qu’un groupe de travail a le mandat de définir le tracé exact et de donner des précisions sur la nouvelle infrastructure. Elle a souligné que « des discussions ont déjà débuté avec le gouvernement fédéral » pour obtenir une contribution financière de sa part.

Selon elle, le gouvernement et la Ville pourraient utiliser la technologie du REM, c’est-à-dire un train électrique et automatisé. « La technologie n’appartient pas à CDPQ Infra. On peut la reprendre », a-t-elle soutenu, tout en disant que la décision n’est pas prise quant à la « technologie appropriée » pour la nouvelle version du projet.

Mardi, le PDG de la CDPQ, Charles Emond, n’a pas parlé directement de la technologie, mais il a soutenu que le projet ne pourra s’appeler le REM de l’Est, car il s’agit d’une marque déposée. CDPQ Infra, la filiale de la Caisse responsable du REM, a confirmé à La Presse mercredi qu’il n’a pas la propriété de la technologie comme l’a dit la ministre.

Chantal Rouleau « aimerait » que l’échéancier soit « dans les mêmes eaux » que ce qui était prévu, à savoir une mise en service en 2029, mais elle n’a pas donné de garantie.

Elle a fait valoir que le gouvernement « ne part pas à zéro » » puisqu’il mettra la main sur les études réalisées jusqu’ici par CDPQ Infra, qui demande en contrepartie près de 100 millions de dollars conformément à une entente conclue avec Québec en 2015.

Les délais risquent d’être plus longs, car le gouvernement veut un prolongement vers Laval et Lanaudière. À Québec, on évoque d’ailleurs une réalisation en deux phases.

Le député de Québec solidaire, Alexandre Leduc, a demandé à la ministre si le gouvernement entend se doter de pouvoirs spéciaux en matière d’expropriations pour réaliser le projet, comme ceux qu’il avait donnés à la CDPQ. Chantal Rouleau a répondu par l’affirmative. « On va s’assurer d’avoir les mêmes outils, les mêmes moyens qui avaient été attribués à la Caisse de dépôt pour faire avancer ce projet-là », a-t-elle répondu. On fera ce qu’il faut pour que ça puisse avancer. »

À Montréal, la mairesse Valérie Plante a répliqué à Charles Emond qui l’a accusée mardi d’avoir fait volte-face au sujet du REM de l’Est. « Vous me demandez si je suis une girouette, la réponse est non », a-t-elle lancé. Certes, les pourparlers sur la gouvernance du projet « avançai(en)t très bien » avec la Caisse, mais « il y avait quand même des enjeux majeurs » relativement au tracé qui restaient entiers. « Jusqu’à la dernière minute, même en discutant avec le premier ministre, la CDPQ était le constructeur, celui qui faisait le REM de l’Est, la nouvelle mouture. Après ça, le moment où la Caisse de dépôt décide que ça ne l’intéresse plus, c’est son choix », a-t-elle ajouté.

Avec la collaboration d’Isabelle Ducas, La Presse