(Ottawa) Le Bloc québécois presse le gouvernement Trudeau de rouvrir sans plus tarder son ambassade à Kyiv – ou, « à tout le moins », de reprendre les activités diplomatiques dans la ville refuge de Lviv. Pendant ce temps, le premier ministre refuse de dire s’il a l’intention de visiter la capitale ukrainienne comme l’ont fait plusieurs dirigeants avant lui.

Ce qu’il faut savoir

  • Le Bloc québécois demande une réouverture rapide de l’ambassade à Kyiv.
  • La mission canadienne a officiellement fermé ses portes au premier jour de la guerre.
  • Des pays occidentaux n’ont jamais fermé leur ambassade, ou s’apprêtent à la rouvrir.
  • L’ambassadrice désignée de l’Ukraine invite des élus à se rendre dans son pays.
  • On ignore encore si Justin Trudeau prévoit une visite sur le sol ukrainien.

La promesse formulée il y a quelques jours par la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, est insuffisante aux yeux du député bloquiste Stéphane Bergeron. Il l’a exprimé au comité permanent des affaires étrangères et du développement international, lundi.

Après avoir énuméré une liste non exhaustive de pays ayant repris leurs activités diplomatiques à Kyiv, il a demandé pourquoi le Canada ne les imitait pas. Il a fait valoir que tant et aussi longtemps que la guerre ferait rage, la situation sécuritaire demeurerait précaire.

Aux questions du député Bergeron, une haute fonctionnaire d’Affaires mondiales Canada, Heidi Kutz, s’est contentée de répondre qu’« une évaluation sur la possibilité d’effectuer un retour graduel de la présence diplomatique du Canada à Kyiv [était] en cours à l’heure actuelle ».

Insatisfait, son interlocuteur est revenu à la charge.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Stéphane Bergeron, député bloquiste de Montarville

En situation de guerre, comment peut-on prétendre que la situation deviendra suffisamment sécuritaire pour qu’on puisse faire comme la plupart de nos alliés et manifester un soutien concret à l’Ukraine en ayant sur place une ambassade ?

Stéphane Bergeron, député bloquiste de Montarville

« Ne devrait-on pas à tout le moins rouvrir à Lviv comme mesure préliminaire devant mener à la réouverture complète de l’ambassade à Kyiv ? », a ajouté le député Bergeron, dont la formation avait exprimé des réserves lorsqu’Ottawa avait fermé sa mission dans la capitale.

« Nous évaluons tous les scénarios […] et nous espérons avoir des nouvelles à communiquer dans un avenir rapproché », a répliqué Mme Kutz.

Les ambassades de plusieurs pays occidentaux rouvrent peu à peu dans la capitale ukrainienne. Les États-Unis espèrent y revenir d’ici la fin du mois de mai, a indiqué la chargée d’affaires américaine Kristina Kvien, ont rapporté lundi plusieurs agences de presse.

La mission du Canada à Kyiv a officiellement mis la clé sous la porte au premier jour de l’invasion russe, le 24 février dernier. Avant cela, les diplomates avaient été relocalisés à Lviv, dans l’ouest du pays ; depuis ce temps, ils travaillent de la Pologne.

« Mon objectif est d’être en mesure d’ouvrir l’ambassade [en Ukraine] dans les prochains jours ou les prochaines semaines. On travaille sur plusieurs scénarios présentement », a déclaré mercredi dernier la ministre Joly.

Visite canadienne en Ukraine ?

L’appui du Canada à l’Ukraine a été souligné devant le même comité par l’ambassadrice désignée de Kyiv à Ottawa, Yuliia Kovaliv. Elle a notamment remercié Ottawa pour l’envoi de matériel militaire létal à son pays et pour le leadership sur le plan diplomatique.

Lisez l’article « Ottawa achète des véhicules blindés pour Kyiv »

Elle a profité de l’occasion pour inviter les députés membres du comité à se rendre sur le terrain, en Ukraine.

« Nous l’envisageons sérieusement. Nous considérons qu’il est important de démontrer notre solidarité avec les Ukrainiens par le biais des branches législatives de notre système », lui a signalé le conservateur Michael Chong.

Le premier ministre Justin Trudeau n’a pas mis les pieds en Ukraine depuis le début de l’invasion russe. On a vu au cours des dernières semaines de nombreux dirigeants étrangers rendre visite au président Volodymyr Zelensky, la dernière en lice étant la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, dimanche.

Il n’a pas voulu dire lundi s’il pourrait effectuer un déplacement en Ukraine dans un avenir rapproché – ce qui n’a rien d’étonnant, ce type de voyage à haut risque en matière de sécurité n’étant jamais communiqué publiquement à l’avance.

« On est toujours en contact avec le gouvernement ukrainien pour livrer ce dont ils ont besoin, nous allons continuer de l’être, et nous allons toujours chercher à contribuer de façon positive pour aider les Ukrainiens », a-t-il affirmé en marge d’une annonce économique à Windsor, en Ontario, lundi après-midi.

La ministre Joly a fait écho à ces propos. « Nous irons en Ukraine un jour ; je ne donnerai pas plus de détails sur la question, parce qu’il y a des questions de sécurité et c’est nécessaire de faire en sorte de protéger toute forme de déplacement là-bas », a-t-elle exposé en mêlée de presse au parlement.