(Québec) Québec met en garde le fédéral à propos de la sauvegarde du caribou : à vouloir sauver à tout prix l’espèce, on pourrait perdre des emplois, comme lors du moratoire fédéral sur la morue.

Ottawa menace d’intervenir directement pour sauver le caribou, en vertu de la loi sur les espèces en péril, et exigeait un plan du Québec au plus tard au 20 avril. Or le Québec plaide que c’est son champ de compétence.

Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, a dit mercredi que des négociations se poursuivent et que les consultations qu’il a lancées sont encore en cours, soit la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards.

En mêlée de presse au sortir de la séance du conseil des ministres, il a mis en garde le fédéral contre trop d’empressement.

Il a rappelé la décision du fédéral d’imposer un moratoire sur la pêche à la morue sur la côte est du pays en 1992, qui avait provoqué la perte de 40 000 emplois, mais qui avait néanmoins sauvé l’espèce.

« Notre commission, c’est un peu cette optique-là qu’on voulait démontrer (sic), a plaidé M. Dufour. C’est d’aller dans ces territoires où sont les caribous, pour aller chercher le pouls de la population. »

Il a rappelé que des consultations ont lieu actuellement partout au Québec jusqu’au 17 mai.

Dans une lettre datée du 8 avril, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, avait donné au gouvernement du Québec jusqu’au 20 avril pour lui faire part de son plan de protection du caribou et de son habitat.

Si le plan est jugé insuffisant, M. Guilbeault avait précisé qu’il recommanderait au cabinet d’émettre un décret protégeant des parties de l’habitat des animaux sur le territoire québécois, quelles que soient les objections de la province.

L’objectif de la Commission est de « recueillir les opinions des parties intéressées concernant les deux scénarios théoriques, proposés par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) » ou sur « toute idée qui permettrait de trouver un équilibre réaliste et défendable pour concilier l’objectif de protection du caribou forestier et les intérêts économiques en jeu ».

Le premier scénario proposé par le MFFP viserait à accroître la superficie en restauration de la zone d’habitat des cervidés et aurait une incidence sur les activités forestières actuelles et pourrait menacer des emplois. Le second comporterait une plus petite zone en restauration de l’habitat du caribou et n’aurait aucun impact additionnel sur les activités forestières et ne menacerait ainsi pas d’emplois.

Les consultations et les plans proposés par Québec ont été critiqués par les groupes écologistes et les scientifiques.

Le caribou forestier a été désigné comme espèce « vulnérable » en 2005 en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec, alors que le caribou montagnard a été désigné comme espèce « menacée » en 2009.

Selon les données de la province, de 2005 à 2016, la somme des individus de toutes les populations estimées de caribous forestiers au Québec variait de 5635 à 9981. Quant aux caribous montagnards, ils étaient environ une quarantaine en 2020.