(Québec) Québec doit revenir sur sa décision d’exclure les femmes blanches d’une formation pour devenir policier à la suite d’un changement soudain aux critères d’admission, demande le Parti libéral du Québec (PLQ).

La Presse révélait mercredi qu’un programme d’attestation d’études collégiales chapeauté par le ministère de la Sécurité publique, visant à accroître la diversité dans les corps de police, est désormais réservé aux Autochtones et aux groupes racisés. Les femmes « blanches » sont maintenant exclues.

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Deux femmes ont témoigné que les critères d’admission avaient été modifiés subitement, quelques mois après le dépôt de leur candidature. Elles avaient déjà commencé les démarches pour se faire accepter, mais on les a informées qu’elles n’étaient plus admissibles.

Selon le porte-parole du PLQ en matière de sécurité publique, Québec doit revoir sa décision et accepter les candidatures des femmes qui ont été exclues subitement cette année à la suite de la modification des critères d’admission. Le député Jean Rousselle s’explique mal que les règles du jeu aient été changées après le dépôt des candidatures.

« Je trouve ça décevant que l’on fasse ça à l’envers. Ces deux femmes ont [posé leur candidature] alors qu’elles étaient correctes en fonction des critères. On a créé des attentes auprès de ces personnes-là », a expliqué l’ex-policier.

Le ministère de la Sécurité publique (MSP) soutient que les critères ont changé afin de répondre aux recommandations du rapport du Comité consultatif sur la réalité policière. Ce comité a proposé de « développer et mettre en œuvre rapidement une stratégie agressive de recrutement proactive dans les milieux de vie à l’intention des candidats racisés ». Moins de 6 policiers sur 100 étaient issus des « minorités visibles et ethniques » en 2020, hommes et femmes confondus, selon le MSP.

« Il faut penser à une place aux femmes », selon le PLQ

Jean Rousselle estime lui aussi que « ça prend plus de diversité dans les corps de police ». Il croit d’ailleurs que « c’est bien beau, le programme de formation, mais il y a aussi tout un travail de terrain à faire pour le recrutement » auprès des minorités visibles.

Il ne remet donc pas en question le bien-fondé du programme, mais il considère qu’il faut aussi s’assurer de donner une place aux femmes. « Est-ce qu’il faut les remettre spécifiquement dans ce programme ? Je ne pourrais pas vous le dire. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il faut vraiment penser à une place aux femmes. Il faut qu’il y ait un programme qui vise un 50-50 » entre les hommes et les femmes. À l’heure actuelle, un policier sur trois est une femme, selon les données du MSP.

« La ministre devrait intervenir au plus vite, c’est son ministère qui s’occupe de la formation ! Parce que là, on va décourager des femmes, et ce n’est pas ce qu’il faut faire », a ajouté Jean Rousselle.

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a décliné une demande d’entrevue.

Lors d’une conférence de presse à Gaspé, le premier ministre François Legault a défendu le programme réservé aux minorités visibles. « Je pense que c’est une approche souhaitable pour arriver à un équilibre. Mais une fois qu’on a atteint cet équilibre-là, tout le monde est éligible, et ces emplois-là sont disponibles pour tout le monde, que ce soient des hommes ou des femmes », a-t-il répondu brièvement, en marge d’une annonce sur le développement de la filière éolienne.

De son côté, Québec solidaire croit que le MSP devrait, pour cette année et « autant que possible », « augmenter le nombre de places » dans le programme « pour accommoder les femmes qui ont déjà entrepris de bonne foi les procédures ». Il ne faudrait pas, pour les réintégrer, exclure des candidatures de personnes issues de minorités visibles, a insisté son député Andrés Fontecilla. Il trouve le programme « tout à fait pertinent ». Dans les corps de police, « on est loin de la parité hommes-femmes, mais concernant [la représentation] des Autochtones et des minorités, c’est excessivement plus grave », a-t-il plaidé.