Après des mois de consultations aux quatre coins de la province, le Parti libéral du Québec (PLQ) présentera jeudi sa « Charte des régions » dans une offensive pour reconquérir des circonscriptions hors Montréal.

Pilier central de la campagne pour la chefferie du parti de Dominique Anglade, le document qui sera présenté à Trois-Rivières contient une trentaine de propositions, selon une version partielle qu’a pu consulter La Presse.

Parmi celles-ci : payer l’entièreté des taxes municipales du gouvernement du Québec, une demande de longue date de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et de la Fédération québécoise des municipalités (FQM).

Pour contexte : les bâtiments gouvernementaux comme les écoles et les hôpitaux sont actuellement exemptés de la taxe foncière, même s’il revient souvent aux villes de les entretenir en déneigeant leurs toitures et les stationnements, par exemple.

Même si Québec leur verse une compensation, l’UMQ chiffrait en 2019 le manque à gagner des villes à environ 150 millions par année, une somme susceptible d’avoir grimpé depuis 3 ans en raison de l’inflation galopante.

Si l’organisme dont les villes membres comptent plus de 85 % de la population du Québec refuse pour l’instant de commenter la proposition libérale, il entend bien réclamer la même position des autres partis lors de ses assises, les 12 et 13 mai prochain dans la Capitale-Nationale.

Faire les frais de la centralisation

Le PLQ proposera également de bonifier à 500 millions par année le Fonds régions et ruralité (FRR), soit près du double des crédits qui y sont versés actuellement. Mis en place à la suite de l’adoption du projet de loi 47, le FFR vise à soutenir les projets de développement issus de différentes régions du Québec.

La « Charte des régions » de Dominique Anglade met de l’avant deux principes : « l’équité entre les régions » et « la décentralisation ». Elle critique également l’approche de Québec jusqu’ici en matière de gouvernance régionale.

Le gouvernement le plus près des gens est le mieux placé pour décider de ce qui est bon pour eux. Malheureusement, la tendance à centraliser les décisions vers Québec sous prétexte d’économies d’échelle est encore trop courante. Devant composer avec des interventions mal adaptées à leurs réalités, nos régions font les frais de cette centralisation.

La « Charte des régions » de Dominique Anglade

« Il ne suffit pas de saupoudrer de l’argent çà et là pour répondre réellement aux enjeux des régions : il faut un gouvernement qui reconnaît l’importance et l’apport de la gouvernance locale et régionale », poursuit, plus loin, le document.

Plus de 1400 personnes y ont contribué dans le cadre d’une vingtaine de consultations locales et d’autres, virtuelles, affirme le PLQ.

Une pente à remonter

À l’approche des élections générales du 3 octobre, qui vont démarrer de façon officieuse à l’été pour les politiciens même si la campagne officielle devrait être déclenchée à la mi-août, Dominique Anglade entend promener sa Charte aux quatre coins du Québec.

Au plus bas dans les sondages, le PLQ doit absolument gagner des circonscriptions en dehors du Grand Montréal s’il souhaite reprendre le pouvoir. Le parti en avait été presque complètement balayé aux dernières élections, à l’exception de deux châteaux forts en Outaouais, de la circonscription de Roberval, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, remportée par l’ex-premier ministre Philippe Couillard, et de celle de Jean-Talon, à Québec.

Ces deux dernières circonscriptions ont toutefois été rapidement perdues à la suite d’élections partielles remportées par la Coalition avenir Québec.

« Tu ne peux pas dire qu’on se concentre à Montréal et that’s it. Avant, on était présents en Abitibi, en Outaouais, au Saguenay, à Québec, et ça prend ça », indique d’ailleurs une source au sein du parti.

« C’est juste sain aussi que chaque région soit représentée et ait son mot à dire. C’est une phrase qui va revenir souvent [durant les prochains mois] : on a eu trop de mur à mur, chaque région a ses besoins », ajoute cette même source au sujet de la Charte.

La pente s’annonce toutefois difficile à remonter pour le PLQ. Selon le site de projections électorales Qc125, les seules circonscriptions à l’extérieur de l’île de Montréal où il se trouve en avance seraient celles de Chomedey, à Laval, et de Pontiac, en Outaouais.