(Québec) Prétextant l’imminence des élections au Québec, le chef bloquiste Yves-François Blanchet préfère se garder « une certaine gêne » plutôt que d’appuyer la nouvelle mouture du controversé troisième lien.
Quant à l’acceptabilité sociale du projet, il s’est demandé si la « discussion » était « complétée ».
Durant la campagne électorale fédérale l’automne dernier, il avait pourtant dit qu’il était convaincu que le projet de tunnel autoroutier pouvait être « écologique » et qu’il avait un potentiel environnemental « positif ».
Cela avait suscité la grogne dans le parti frère, le Parti québécois, qui est contre le projet.
Mais M. Blanchet a rencontré mardi matin le maire de Québec, Bruno Marchand, qui lui a des réserves sur le nouveau projet présenté la semaine dernière de troisième lien à deux tunnels du gouvernement caquiste.
Le maire ne s’est pas présenté au côté de son invité en mêlée de presse à l’hôtel de ville.
Quand on a demandé à M. Blanchet s’il partageait l’opinion du maire qui reste à convaincre sur le bien-fondé du projet, il a répondu : « à l’approche d’une campagne électorale québécoise, je me garde une certaine gêne ».
Il a laissé entendre qu’il n’en connaît « pas assez » sur la nouvelle mouture du troisième lien pour avoir une opinion précise.
« Il y a beaucoup d’éléments qu’on ne connaît pas encore, on n’a pas toute l’origine des données », a-t-il plaidé.
Il a soulevé des doutes sur le coût réel de l’ouvrage prévu, actuellement estimé à 6,5 milliards.
« Mais dans 10 ans, ce sera peut-être plus que 10 ans et plus que 6,5 milliards, parce que c’est toujours ça qui arrive. L’Assemblée nationale et la population ont une discussion à continuer sur ce projet. »
Il a néanmoins réitéré que l’existence d’un lien entre les centres-villes de Québec et de Lévis est « quelque chose de valable ».
Est-ce que le projet recueille selon lui l’acceptation de la population ?
« L’acceptabilité sociale d’un projet vient quand il est plus avancé dans son développement. Peut-être que la discussion n’est pas complétée. »
À propos d’un autre projet controversé à Québec, le tramway, le chef bloquiste, qui estime que ce projet est « emballant », soutient que dans ce cas, l’acceptabilité est « en voie de se solidifier ».
Durant la campagne fédérale, M. Blanchet avait dit à propos du projet de troisième lien : « Je l’haïs pas. »
À l’époque il s’agissait d’un mégachantier de plus de 10 milliards, un tunnel à deux étages pour un total de six voies – le nouveau projet serait plus modeste.
« Je suis convaincu que ça peut l’être (écologique), et que Québec est parfaitement conscient que ce projet-là a un potentiel positif en termes d’environnement », avait-il soutenu à l’époque.
Quand on lui a fait remarquer mardi qu’il aimait bien ce projet autrefois, il a dit que c’était une interprétation qu’il conteste.
« Vous n’allez de nouveau pas me faire dire quelque chose que je n’ai pas dit », a-t-il insisté.