(Montréal) Les évènements diffusés en direct sur la page Facebook du premier ministre Justin Trudeau doivent être accessibles en français et en anglais, conclut le Commissaire aux langues officielles (CLO) à la suite de l’annonce de la nomination de Mary Simon comme gouverneure générale.

Plus d’une dizaine de personnes ont porté plainte au CLO afin de dénoncer l’absence de service d’interprétation simultanée sur la page Facebook de M. Trudeau lors de la conférence de presse du 6 juillet présentant la nouvelle gouverneure générale.

Les plaignants ont aussi déploré le choix du modérateur qui s’est exprimé en grande partie uniquement en anglais, indique le CLO dans son rapport d’enquête préliminaire déposé le mois dernier, et dont La Presse Canadienne a obtenu copie.

L’enquête a reconnu qu’aucun service d’interprétation simultanée ou de sous-titrage dans l’une ou l’autre des deux langues officielles n’a été offert au moment du direct sur Facebook.

« Lors d’un évènement public, comme la conférence de presse annonçant la nomination de la nouvelle gouverneure générale, qui est une figure clé de la démocratie parlementaire canadienne, il est crucial que tous puissent y participer et en apprécier son importance dans la langue officielle de leur choix », écrit le commissaire Raymond Théberge.

Dans ce dossier, M. Théberge blâme le Bureau du Conseil privé (BCP) qui conseille et appuie de manière impartiale le premier ministre et son cabinet notamment en matière de communications.

Lors de l’évènement du 6 juillet, le BCP a fourni un soutien logistique et des produits de communication pour l’organisation de la conférence de presse.

Mais il a confirmé ne pas avoir donné de conseils « en matière de langues officielles liés à la diffusion de l’évènement sur la page Facebook, puisqu’il n’était pas responsable de l’organisation de la conférence de presse, ni du recrutement du modérateur, ni de la page Facebook », peut-on lire dans le rapport.

Malgré cela, le CLO estime que le Bureau du Conseil privé a manqué à ses obligations relativement à la Loi sur les langues officielles.

Il aurait été notamment possible d’« insérer les liens de la chaîne d’information CPAC dans le descriptif de la vidéo dans les deux langues officielles, car ces liens offraient au public la possibilité de visionner la vidéo dans la langue officielle de son choix », soutient Raymond Théberge.

Il recommande au BCP de mettre en place, dans les trois mois suivant la réception du rapport final d’enquête, les directives nécessaires pour que « tous les Canadiens puissent recevoir les communications qui relatent des informations gouvernementales dans les deux langues officielles », lors d’évènements diffusés en direct sur la page Facebook du premier ministre.

Ni le premier ministre et son cabinet ni la gouverneure générale n’ont été blâmés dans le rapport d’enquête préliminaire, n’étant pas des « institutions fédérales » au sens de la Loi sur les langues officielles.

Le BCP n’a pas répondu dans l’immédiat à une demande de commentaires de La Presse Canadienne.

La nomination de la leader inuite Mary Simon — première femme autochtone au poste de gouverneure générale — a suscité l’indignation chez plusieurs en raison de son incapacité à parler français. Des centaines de plaintes ont été déposées au CLO qui a déclenché une enquête sur le processus ayant mené à sa nomination.