(Québec) Même si le Parti conservateur d’Éric Duhaime est contre la loi sur l’interdiction des hydrocarbures adoptée mardi, sa députée Claire Samson juge qu’elle a bien fait de s’abstenir au moment du vote.

La loi met fin à toutes les activités de recherche et d’exploitation des hydrocarbures au Québec et dédommage à hauteur de 100 millions les entreprises qui détiennent des permis.

Or, le chef conservateur Éric Duhaime est favorable à l’exploitation des réserves d’hydrocarbures du Québec, mais sa seule députée a préféré ne pas voter contre la loi. Les élus de Québec solidaire (QS) se sont aussi abstenus.

En mêlée de presse mercredi, Mme Samson a d’abord dit qu’elle n’était pas en Chambre, puis elle s’est amendée et a justifié son abstention.

« J’avais une rencontre téléphonique dans mon bureau et je ne savais pas que le vote allait être appelé », a-t-elle d’abord soutenu en mêlée de presse jusqu’à ce que des journalistes lui rappellent qu’elle était bel et bien en Chambre au moment du vote.

« Ah oui ! a-t-elle ensuite lancé. Je me suis abstenue, par souci d’intégrité et de rigueur. »

Comme elle n’a pas siégé à la commission qui a étudié ce projet de loi, elle estime qu’elle n’était pas familière avec le projet de loi.

« Je suis la seule députée du Parti conservateur, je ne peux siéger à toutes les commissions. »

Est-ce que son chef l’a rappelée à l’ordre. « Il ne m’en a pas parlé, a-t-elle répondu. Je me suis abstenue. Je pense que j’ai fait la bonne chose. »

Les députés du gouvernement, du Parti libéral (PLQ) et du Parti québécois (PQ) ont voté pour l’adoption de cette loi pilotée par le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien.

Le Québec devient ainsi le premier État en Amérique du Nord à renoncer à l’extraction des hydrocarbures.

Le mécanisme d’indemnisation de la loi couvre les dépenses engagées depuis 2015 par cinq entreprises (66 millions sur les 100 millions) et couvre les trois quarts des frais de fermeture des puits et de restauration des sites (33 millions sur les 100 millions).

Il ne prévoit aucun dédommagement pour des pertes de revenus potentielles encourues par le rachat des permis.

Les pétrolières et gazières demandaient au moins 500 millions en indemnisation.

Ressources Utica a déjà fait savoir qu’elle contestait l’indemnité prévue par le gouvernement.

L’Association québécoise de l’Énergie (AÉQ) ainsi que le Conseil des Abénakis de Wôlinak ont aussi condamné la loi. Selon l’AÉQ, le Québec est « le seul au monde en ce moment à renoncer à son potentiel » gazier et pétrolier.

Selon les Abénakis, c’est une violation des droits des Premières Nations, parce que la communauté a récemment conclu un accord avec un producteur.

Il y a actuellement 182 permis actifs, majoritairement dans la vallée du Saint-Laurent et dans les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Il y a aussi actuellement 62 puits à réhabiliter.

Il n’y a pas eu de travaux d’exploration au Québec depuis 2011.