Dans son premier discours depuis la présentation du budget fédéral, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a défendu lundi le plan proposé comme étant « une approche responsable en matière fiscale […] qui met l’accent sur la transition énergétique, sur l’innovation et sur les gens », lors d’une allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), au Palais des Congrès.

Le président de la CCMM, Michel Leblanc, a interrogé la vice-première ministre au sujet de la haute inflation, rappelant que « si les gouvernements dans leurs politiques budgétaires dépensent beaucoup, ça augmente l’inflation et ça peut créer une pression pour que la Banque du Canada aille encore plus rapidement vers des taux d’intérêt plus élevés ».

« Nous avons pris une approche responsable dans le budget et, pour souligner un chiffre, nous avons ajouté 0,3 % du PIB dans l’économie, a-t-elle répondu. C’est impossible de dire qu’un aussi petit montant va avoir un effet sur l’inflation. »

Selon elle, ce sont des causes internationales qui sont responsables, comme « le prix du pétrole », « le prix des produits agricoles » et les effets de la pandémie sur les chaînes d’approvisionnement.

Pour ce qui est de la pénurie de main-d’œuvre, Mme Freeland a fait valoir que l’on pourrait faire d’une pierre, deux coups en réglant la crise du logement, car « si on veut avoir plus de gens, on doit construire plus de logements ».

Pour cela, il faudrait avant tout « trouver des façons d’en construire », notamment grâce à la création d’un nouveau fonds de 4 milliards.

Elle a toutefois prévenu qu’une seule solution ne pourra pas régler ces problèmes complexes.

Transition verte

La vice-première ministre a soutenu que son budget ouvrira la porte à une économie plus écoresponsable, notamment grâce à la création d’un fonds fédéral pour « attirer les investissements privés » dans le virage vert, qui sont selon elle incontournables pour une transition réussie.

Comme il s’agit de nouvelles technologies, le pari peut souvent être risqué pour les investisseurs, a-t-elle expliqué, alors que le fonds permettrait de mitiger ce risque.

« Le reste du monde a décidé d’aller en avant avec la transition verte, a-t-elle ajouté, alors strictement du point de vue économique, c’est essentiel pour nous de faire la même chose, sinon ce sera impossible pour nous de trouver des marchés. »

Mme Freeland s’est montrée moins directe quand elle a été interrogée au sujet de l’approbation par son gouvernement du projet pétrolier de Bay du Nord quelques jours après que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a mis la planète en garde contre l’expansion de la production d’hydrocarbures.

« On doit comprendre que c’est vraiment une transition, ce n’est pas une transition qu’on peut faire d’un jour à l’autre », a-t-elle plaidé, citant en exemple ses propres déplacements.

« Je suis très consciente du fait, par exemple, que je suis arrivée ici ce matin en avion, a-t-elle dit. Ce serait peut-être mieux pour moi d’y aller en train. Nous allons construire des trains à grande fréquence pour rendre cela plus facile, mais ce matin je suis venue en avion, et cet avion a utilisé du pétrole, c’est la réalité. »

Plus pour la défense

Le budget prévoit une hausse du financement de la Défense nationale de plus de 8 milliards, pour un total équivalant à 1,5 % du produit intérieur brut (PIB).

Tous les pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ont promis de hausser leurs dépenses militaires à 2 % de leur PIB pour 2024.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a jeté une onde de choc chez les pays occidentaux, qui ont été nombreux à prévoir une hausse anticipée de leurs investissements en défense.

À savoir pourquoi le Canada n’a pas encore atteint la cible de 2 %, la ministre Freeland a rappelé que la nouvelle somme allouée cette année est déjà importante.

« Nous avons aussi dit au ministère de la Défense de préparer très vite une stratégie pratique pour la défense du Canada et la participation du Canada dans nos alliances internationales », a-t-elle précisé, disant vouloir attendre d’avoir un plan concret avant de fournir des fonds. « C’est important pour moi de mettre de l’argent dans le budget seulement quand on aura un plan pour le dépenser. »

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.