(Ottawa) Jean Charest compte faire son entrée à la Chambre des communes le plus rapidement possible, à la faveur d’une élection partielle, s’il devient chef du Parti conservateur le 10 septembre.

L’ancien premier ministre du Québec, qui a représenté la circonscription fédérale de Sherbrooke de 1984 à 1998 avant de faire le saut sur la scène provinciale, a confirmé son intention d’employer les moyens qui s’imposent pour occuper dans les plus brefs délais le siège de chef de l’opposition officielle aux Communes si les membres du Parti conservateur le choisissent comme prochain leader.

Aucune décision n’a encore été prise quant à la circonscription qu’il pourrait choisir pour un éventuel retour sur la scène fédérale. À l’heure actuelle, la circonscription de Sherbrooke est détenue par la députée libérale Élisabeth Brière.

C’est une bonne question que j’aime beaucoup, et la réponse est oui. Je pense que ce serait important que je puisse entrer à la Chambre des communes dans un délai raisonnable.

Jean Charest, candidat à la direction du Parti conservateur du Canada

« Évidemment, on ne contrôle pas la donne dans la mesure où c’est le premier ministre qui détermine la date d’une élection partielle. Et il faut me trouver une circonscription. Mais j’ai très hâte d’avoir ce problème-là », a ajouté M. Charest dans une entrevue accordée à La Presse vendredi.

Il participera à l’émission Tout le monde en parle, dimanche soir à Radio-Canada.

Des députés avaient démissionné pour Mulroney et Chrétien

Dans le passé, il est arrivé à quelques reprises qu’un député d’une formation politique quitte son siège afin de permettre à un nouveau chef de faire son entrée au Parlement.

Ainsi, quand Brian Mulroney a été élu chef du Parti progressiste-conservateur en 1983, le député de Central Nova, Elmer MacKay, a démissionné afin de permettre à son nouveau chef de se présenter lors d’une élection partielle. M. Mulroney a facilement été élu et il a pu prendre sa place aux Communes en tant que chef de l’opposition officielle. Aux élections générales qui ont suivi, M. Mulroney a brigué les suffrages dans sa région natale, à Baie-Comeau.

En 1990, Jean Chrétien a suivi la même formule après avoir été élu chef du Parti libéral du Canada quatre ans après avoir quitté la vie politique. Il a brigué les suffrages dans la circonscription de Beauséjour, au Nouveau-Brunswick, qu’avait libérée le député libéral Fernand Robichaud, afin de mener ses troupes aux Communes. Aux élections générales de 1993, M. Chrétien s’est fait réélire dans la circonscription de Saint-Maurice.

Sévère envers le budget Freeland

En entrevue, M. Charest a par ailleurs jugé sévèrement le budget fédéral déposé par la ministre des Finances Chrystia Freeland, affirmant qu’il ne contenait aucun plan de croissance économique crédible et laissait les finances publiques vulnérables à d’autres chocs économiques.

« Le budget a un défaut majeur : il n’y a pas de véritable plan de croissance économique. Cela manque cruellement au Canada. Il faut grossir notre économie. Le contraste est frappant parce que le gouvernement Trudeau dépense. Mais pour dépenser, il faut bien avoir de l’argent, il faut avoir des revenus. Il faut avoir une économie capable de soutenir le niveau de dépenses que fait le gouvernement », a affirmé M. Charest.

« On retrouve dans ce budget 50 milliards de dollars de dépenses supplémentaires qui sont permanentes. C’est le fait saillant du budget qui est le plus inquiétant », a ajouté l’ancien premier ministre.

M. Charest a cité la décision du gouvernement Trudeau de lancer « un fonds de croissance du Canada de classe mondiale », qui sera capitalisé d’une somme de 15 milliards de dollars sur cinq ans.

« Le gouvernement va percevoir des impôts pour constituer un fonds de 15 milliards à dépenser pour soutenir les entreprises. Ils vont donc taxer les entreprises pour soutenir les entreprises sur les projets qu’ils croient avantageux. Mais s’ils créaient des conditions économiques plus favorables, les entreprises pourraient investir elles-mêmes pour créer de la prospérité et générer des revenus », a-t-il dit.

M. Charest a estimé que les états de service du gouvernement Trudeau pour stimuler les investissements sont peu reluisants, soulignant la création de la Banque de l'infrastructure du Canada, qui devait permettre de financer des mégaprojets d’infrastructure au pays avec le concours du secteur privé. Les résultats sont très mitigés jusqu’ici. Cette société d’État s’est vu offrir une cagnotte de 35 milliards de dollars.

« La Banque de l’infrastructure n’a jamais décollé. C’est la seule banque au Canada qui cherche encore un client », a-t-il laissé tomber.

Déjà quelques propositions

Au cours des derniers jours, M. Charest a commencé à dévoiler une série de politiques dans le cadre de la course au leadership. Il a notamment proposé d’augmenter le budget de la défense nationale à la hauteur de 2 % du PIB et d’adopter une loi sur la protection des infrastructures essentielles interdisant les blocus illégaux comme ceux qui ont eu lieu sur le pont reliant Windsor et Detroit en février. Il compte dévoiler d’autres politiques au cours des prochaines semaines.

M. Charest fait partie d’une liste de plus d’une demi-douzaine de candidats qui briguent la direction du Parti conservateur. Le député conservateur de Carleton, Pierre Poilievre, est considéré comme le meneur de la course. Des évènements auxquels il participe attirent de nombreux militants et curieux. Certains évènements ont attiré quelque 1000 personnes, notamment à Lindsay, en Ontario, et à Vancouver.

Les candidats ont jusqu’au 19 avril pour confirmer leurs intentions.