Le chef conservateur Éric Duhaime doit annoncer mardi qu’il se présente dans Chauveau, une circonscription au nord de Québec que la Coalition avenir Québec (CAQ) avait remportée avec une écrasante majorité il y a quatre ans.

La Presse a pu confirmer lundi que le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ) a jeté son dévolu sur Chauveau, un château fort de la droite élection après élection. La circonscription regroupe des quartiers du nord de Québec et des municipalités comme Stoneham et Lac-Beauport.

Éric Duhaime doit en faire l’annonce mardi soir dans un grand rassemblement du PCQ qui aura lieu au Centre communautaire Paul-Émile-Beaulieu. Joint lundi matin, M. Duhaime n’a pas voulu confirmer ou infirmer l’information. « Je veux réserver la nouvelle pour les militants qui seront sur place », s’est-il contenté de dire.

Éric Duhaime va donc tenter de ravir le siège du caquiste Sylvain Lévesque. Les deux hommes se connaissent, puisqu’ils ont tous deux œuvré à la même époque sur les ondes du FM93.

En février dernier, M. Lévesque minimisait la montée du PCQ dans les sondages, dopée par le discours anti-confinement de M. Duhaime.

« On est à six mois des élections. Un peu de patience, c’est normal. Les gens sont fâchés, il y a une frustration qui s’exprime. Ça ne m’inquiète pas du tout », disait-il alors à l’Assemblée nationale.

Un journaliste lui a demandé s’il n’avait pas peur de perdre son siège. « Pas du tout. J’ai un bilan très positif », assurait Sylvain Lévesque.

Selon nos informations, Chauveau est la circonscription où le PCQ compte « de loin » le plus de membres. C’est aussi là que l’ancien chef, Adrien Pouliot, obtenait les meilleurs résultats pour son parti (8,6 % en 2018).

Chauveau avait aussi élu deux fois des députés de la défunte Action démocratique du Québec. Le député conservateur fédéral Gérard Deltell avait remporté trois fois de suite la faveur des électeurs, pour l’ADQ d’abord, ensuite pour la CAQ.

« C’était un terreau fertile pour l’ADQ et maintenant pour la CAQ. Mais en même temps, Chauveau n’est pas dogmatique dans ses choix », rappelle Philippe Dubois, doctorant en science politique à l’Université Laval et observateur avisé de la scène politique de la capitale.

« La libérale Véronyque Tremblay avait réussi à faire une percée en 2015. Oui, il y a des électeurs de droite. Mais on voit qu’ils sont capables de suivre le vent et ça peut servir Éric Duhaime si le vent est de son bord. »

Éric Duhaime contemplait aussi l’idée de se présenter dans Chutes-de-la-Chaudière, sur la Rive-Sud de Québec. Mais la décision du député sortant de se représenter aurait refroidi ses ardeurs. Marc Picard est élu sans interruption depuis 2003, d’abord sous les couleurs adéquistes, puis désormais caquistes.

Mesures sanitaires et tramway

Le PCQ n’a jamais fait élire de députés. Éric Duhaime, un ancien conseiller politique au Bloc québécois, à l’Alliance canadienne et à l’ADQ devenu animateur de radio, a été élu chef du petit parti en avril dernier.

Son discours contre les mesures sanitaires semble avoir séduit une partie de l’électorat. Selon l’agrégateur de sondages Québec 125, le PCQ récolte 13 % des intentions de vote, à égalité avec Québec solidaire, derrière le PLQ (19 %) et loin derrière la CAQ (42 %).

Selon Philippe Dubois, Éric Duhaime pourrait miser sur son opposition au tramway pour se démarquer de ses adversaires dans la région de Québec.

« Dans la campagne électorale, Éric Duhaime va devoir varier le discours. Il ne pourra pas parler uniquement des mesures sanitaires, croit-il. Dans la région de Québec, remettre en question le projet du tramway, ça lui permettrait d’avoir un discours original, comme avec les mesures sanitaires. »

L’élection d’octobre prochain représentera la deuxième tentative d’Éric Duhaime de se faire élire. En 2003, il avait fini troisième avec 21,7 % des voix dans la circonscription de Deux-Montagnes, sous la bannière de l’ADQ.