(Québec) Inondés d’appels de parents qui ne trouvent pas de places en garderies, les libéraux voteront pour le projet de loi 1 du ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, mais l’accusent de passer à côté de l’essentiel avec sa réforme pour compléter le réseau en n’assurant pas un droit d’accès universel aux services de garde éducatifs à l’enfance.

Ce que vous devez savoir

  • Les libéraux voteront pour le projet de loi 1 du ministre de la Famille Mathieu Lacombe. Ils pressent Québec de compléter le réseau des garderies et d’assurer un accès universel aux enfants.
  • Ce projet de loi, qui doit être adopté dans les prochains jours, donnera des pouvoirs additionnels au gouvernement afin de compléter le réseau des garderies d’ici 2025.
  • La députée péquiste Véronique Hivon dénonce une « grande mascarade », puisque Québec inclut les garderies privées non subventionnées dans le calcul qui définit si une région est en déficit ou en surplus de places.
  • Québec solidaire réitère que le gouvernement doit aider financièrement les familles qui n’arrivent pas à trouver une place en garderie d’ici à ce qu’il complète le réseau.

« Je reçois des appels de parents qui disent qu’ils ont besoin d’une place et le ministre dit qu’il a besoin de ce projet de loi pour être en mesure de développer le réseau. Je suis du côté des parents et je ne ferai pas d’obstruction », explique la députée libérale Jennifer Maccarone.

La Presse révélait lundi que Québec bonifiera son « grand chantier pour les familles », alors que la création de 37 000 nouvelles places ne suffit plus pour compléter le réseau d’ici 2025. Confronté à l’accélération de la migration interrégionale, le gouvernement créera plus d’un millier de places supplémentaires pour que chaque enfant ait accès au réseau une fois l’opération complétée, promet le ministre Lacombe.

Mme Maccarone réclame que chaque enfant ait un droit d’accès assuré aux services de garde éducatifs à l’enfance, comme c’est le cas pour les écoles. Elle demande aussi à Québec de convertir les garderies privées non subventionnées – dont plusieurs ont été créées sous un précédent gouvernement libéral – en des places subventionnées. La députée affirme que la position de son parti a évolué.

« Je ne suis pas gênée de notre héritage en ce qui concerne le réseau des services de garde. […] On a développé un réseau privé parce qu’on avait un fort besoin de places et on n’avait pas six milliards du gouvernement fédéral pour [le faire]. On a besoin d’évoluer avec la demande sur le terrain, et la demande, ce sont pour des places subventionnées », dit-elle.

Une « mascarade »

La députée péquiste Véronique Hivon, dont le parti a annoncé qu’il voterait contre le projet de loi 1 du ministre Mathieu Lacombe, estime pour sa part que le « grand chantier » pour les familles est une « mascarade », puisque le gouvernement inclut les garderies non subventionnées au calcul qui détermine si une région est en surplus ou en déficit de places.

« Il y a des gens qui ne retournent pas travailler parce qu’ils ne trouvent pas de place et d’autres parce que la seule place qu’ils auraient est dans une garderie à 70 $ par jour », affirme Mme Hivon.

« C’est une grande mascarade de continuer à inclure les places en garderies privées non subventionnées dans le calcul quand le ministre dit qu’il veut compléter le réseau. Les parents, pour plusieurs, ne peuvent pas aller dans ces places-là », ajoute-t-elle. L’automne dernier, le Parti québécois s’est engagé à investir 1,17 milliard sur cinq ans pour convertir l’entièreté du réseau des garderies en centres de la petite enfance (CPE), selon ce qu’a rapporté La Presse Canadienne.

« Le ministre Lacombe fait de grandes promesses, mais il crée constamment des déceptions. Il promet l’équilibre en 2025, mais il oublie de dire qu’il compte les places privées non subventionnées dans l’offre. Ça veut dire qu’à Montréal il n’y aura pas de création de places, parce que cette région est déjà en équilibre aux yeux du ministère, même si une forte proportion des places offertes ne sont pas subventionnées », déplore pour sa part la députée de Québec solidaire, Christine Labrie, dans une déclaration écrite envoyée par courriel.

« Il promet d’annoncer des places supplémentaires, mais le recrutement d’éducatrices ne nous permettra même pas d’offrir les places déjà annoncées. Ce sont des promesses en l’air », conclut-elle.

Une version antérieure de ce texte indiquait que le gouvernement créera « quelques milliers de places supplémentaires » à ce qui est prévu dans son « grand chantier pour les familles ». En entrevue, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a plutôt affirmé qu’il allait créer « plus d’un millier » de places supplémentaires. Le texte a été depuis été corrigé pour refléter les propos du ministre.