(Québec) Catherine Dorion laisse tomber l’Assemblée nationale, une institution « passée date » qui étouffe selon elle les voix dissidentes, et quitte la politique comme elle y est entrée, en contestant l’ordre établi.

« L’Assemblée nationale est une institution extrêmement contraignante, avec des cadres rigides, vieux, passés date, qui rend toute liberté de parole et tout mouvement populaire et politique difficile d’expression dans ce monde-là », a lancé la députée de Taschereau lundi en conférence de presse pour annoncer qu’elle ne se représenterait pas lors des élections générales d’octobre prochain.

Mme Dorion n’est pas amère : « Je savais à quoi je m’attendais, j’en avais entendu parler, et c’est pour ça que je me suis impliquée dans un parti qui veut réformer ces institutions », a-t-elle souligné. Mais elle dénonce un système ou « quelques personnes » proches du premier ministre « font pas mal ce qu’ils veulent » pendant quatre ans.

« Pour moi, c’est très grave. C’est vraiment grave. Je ne sais pas si on va finir par en parler plus à l’extérieur, mais pour nous, c’est inadmissible et ça nous choque tous les jours. Et cette institution ne devrait pas fonctionner comme ça », a-t-elle lancé.

Elle critique le fait que la Coalition avenir Québec de François Legault décide « 100 % des choses » alors qu’elle n’a reçu, « quand on prend l’abstention en compte, le vote de 25 % des Québécois ». « Je représente un courant, je ne représente pas tout le Québec, mais beaucoup de monde se reconnaît dans ce qu’on apporte comme idée. Ces gens-là ont 0 % », déplore Mme Dorion.

« C’est très difficile de faire exister cette volonté des citoyens qui ont voté pour toi. Et en plus, même si tu ne veux pas influencer les décisions des ministres et que tu veux juste avoir des réponses, tu n’es pas plus capable, parce que s’ils ne te répondent pas, s’ils ne te donnent pas l’information […], ils n’ont aucune conséquence », a-t-elle ajouté.

Après quatre années où elle ne s’est pas empêchée de dire ce qu’elle pensait de l’Assemblée et de ses codes, Mme Dorion espère que des candidats « antisystèmes, anticonformistes », des brasseurs de pommier, vont prendre sa place « pour que le rêve, l’imagination, la nouveauté, la fraîcheur et la vérité puissent redevenir une partie entière de cette institution qui est censée nous gouverner ».

Si Mme Dorion quitte l’Assemblée, elle ne renonce pas complètement à la politique : elle restera une militante de Québec solidaire et elle sera au front pour défendre le projet de tramway de Québec.

« Il faut que la gauche de Québec comprenne que si on veut sortir définitivement de ce règne où c’est impossible d’avoir des choses à Québec qui améliorent la mobilité, qui améliorent le vivre-ensemble qui rend la ville plus belle, plus facile, plus le fun et plus relaxe, il va falloir la mener, cette bataille. […] Que je sois députée ou autre chose, j’ai le même talent, et je vais continuer à me battre », a-t-elle expliqué.

Elle s’en est prise à la « clique » d’animateurs de radios qui « plantent tous ceux qui ont essayé d’améliorer la mobilité à Québec », et ne s’étonne guère de la montée en popularité du Parti conservateur du Québec dans la région de la Capitale nationale.

« Quand on écoute Radio X, Éric Duhaime est là à peu près tous les jours. Les animateurs lui font de la publicité gratuite tous les jours. C’est une radio qui est quand même écoutée à Québec. On a une radio privée qui s’est carrément transformée en machine électorale pour Éric Duhaime », a-t-elle lancé.

Mme Dorion se concentrera sur sa carrière artistique. Celle qui se décrit comme une « workaholic » tentera également de ralentir son rythme de vie pour prendre soin des siens.