Un peu d’histoire
Le taux de participation aux élections provinciales varie grandement selon les époques. De 1867 à 1927, rappelle Élections Québec, « plusieurs députés étaient élus sans opposition, ce qui faisait diminuer le nombre d’électeurs ».
En 1970 et en 1976, le Québec a enregistré des taux de participation records de 85 %. La participation électorale a depuis ralenti. Au dernier scrutin, en 2018, le taux s’est établi à un peu plus de 66 %. Ce résultat était plus faible que les deux précédentes élections (71,4 % en 2014 et 74,6 % en 2012), mais supérieur à la faible participation de 2008, à 57,4 %, du jamais-vu depuis 1927.
Un mal en progression
Selon plusieurs études recensées par Philippe Dubois et ses collègues politologues, « le phénomène du cynisme envers la politique et ses acteurs est en progression [au Québec] comme ailleurs ». Et de toutes les variables pouvant expliquer pourquoi les électeurs boudent l’urne, la perte de confiance envers les élus et la politique rassemble une majorité d’abstentionnistes.
Les raisons de bouder l’urne
Les jeunes votent moins, vraiment moins
Il est commun de rappeler qu’en politique, les jeunes votent moins que les citoyens plus âgés. Or, l’étude de la participation électorale aux élections québécoises de 2018 rappelle aussi que les jeunes d’aujourd’hui votent moins que ceux des générations qui les ont précédés.
Les motiver à voter est également difficile, malgré les contextes politiques. « Par exemple, lors du scrutin de 2012 suivant le mouvement de contestation étudiante, les données colligées par Blais, Galais et Gélineau ne montrent pas une hausse réelle de la participation électorale des 18-24 ans ».
L’effet positif de l’éducation
« L’effet de l’éducation a fait l’objet d’un bon nombre de travaux dans le champ des études électorales. Avec l’âge, il s’agirait du plus important facteur explicatif de la participation électorale. Au Québec, plusieurs études antérieures ont confirmé l’importance de cette variable : les électeurs moins scolarisés voteraient moins », rappellent Philippe Dubois et ses collègues dans leur rapport de recherche.
Abstentionnistes de père en fils
Selon Philippe Dubois et les coauteurs du rapport de recherche sur la participation électorale aux élections de 2018, « la question de la confiance envers les acteurs politiques, mais aussi envers les institutions dans lesquelles ils évoluent, devrait faire l’objet d’une attention particulière des observateurs de la démocratie québécoise ».
« Ce bris de confiance […] provient principalement de l’impression que les élus n’écoutent pas les citoyens. Les électeurs ayant cette impression auront tendance à perdre confiance envers les élus et s’abstenir d’exercer leur droit de vote. Il est donc capital que les citoyens aient l’impression d’être écoutés par les élus et que ces derniers répondent à leurs préoccupations », soulignent-ils dans leur rapport.
« Sans cette impression, un électeur s’engage dans la spirale du cynisme envers la politique qui le mène à refuser d’exercer [son] droit de vote. Nos résultats suggèrent aussi que cette impression peut être transmise d’une génération à la suivante au sein d’une famille », ajoutent-ils.
Attention à la boule de cristal
S’il est permis de croire que les résultats à des élections seraient différents si tous les électeurs allaient tous aux urnes, Philippe Dubois trouve hasardeux de projeter les résultats qui auraient alors été obtenus. « C’est un peu faire parler des gens qui ne parlent pas et qui ne veulent pas parler non plus », dit-il.
« Les raisons de l’abstention sont nombreuses. Il ne faut pas penser que les abstentionnistes sont tous des gens moins éduqués, moins sensibilisés et qu’on a simplement à leur montrer comment ça fonctionne pour qu’ils participent », prévient le politologue.