(Ottawa) La ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Karina Gould, entend employer les moyens législatifs qui s’imposent pour mettre le nouveau programme national de garderies à l’abri d’un éventuel gouvernement conservateur qui voudrait l’abolir.

Mme Gould a confirmé à La Presse qu’elle entendait déposer un projet de loi en ce sens au cours des prochaines semaines, tandis que l’Ontario est devenu lundi la dernière province à signer une entente avec Ottawa sur le financement des services de garde. Le gouvernement Trudeau a ainsi remporté son pari de créer un réseau national de garderies qui s’inspire du réseau qui existe déjà au Québec depuis près de 25 ans.

Durant la dernière campagne électorale, le Parti conservateur avait promis de mettre la hache dans ce programme s’il était porté au pouvoir et d’offrir à la place une aide directe aux familles. Quand il a pris le pouvoir en 2006, l’ancien premier ministre Stephen Harper avait adopté cette approche pour mettre fin au programme national de garderies mis sur pied par l’ancien gouvernement libéral de Paul Martin, qui avait aussi négocié des ententes avec l’ensemble des provinces.

Compliquer la tâche d’un éventuel gouvernement conservateur

Ce programme national de garderies, qui était moins ambitieux que celui qu’a réussi à mettre sur pied le gouvernement Trudeau au cours des 12 derniers mois, avait été démantelé par les conservateurs à la suite de l’adoption d’un simple décret par le Cabinet.

La ministre Karina Gould veut rendre la tâche plus difficile pour un éventuel gouvernement conservateur qui souhaiterait de nouveau abolir cette initiative.

Je vais présenter un projet de loi au cours des prochains mois, certainement avant la fin de l’année, pour justement protéger le système de garderies pancanadien que nous avons maintenant mis sur pied. C’est important de le faire.

Karina Gould, ministre fédérale de la Famille

Dans son budget de 2021, le gouvernement Trudeau a promis d’investir 30 milliards de dollars sur cinq ans pour mettre sur pied un programme national de garderies universel à un coût moyen de 10 $ par jour. Des ententes bilatérales ont été conclues avec chacune des provinces et chacun des territoires. Le Québec a obtenu une compensation financière de 6 milliards de dollars à la suite d’une entente signée à quelques jours du déclenchement des élections fédérales l’an dernier.

À l’image de la Loi canadienne sur la santé

Qualifiant d’« historique » la journée de lundi qui a vu le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, signer finalement une entente sur le financement des services de garde, Mme Gould a précisé qu’elle voulait couler dans le béton législatif les engagements financiers du gouvernement fédéral au cours des prochaines années.

À terme, elle a évoqué la possibilité que l’encadrement législatif du programme national de garderies devienne un symbole tout aussi puissant que la Loi canadienne sur la santé adoptée dans les années 1980, qui garantit des services de soin de santé dans tout le pays.

Elle a ajouté que l’entente conclue entre les libéraux et les néo-démocrates, qui assure la survie du gouvernement minoritaire libéral jusqu’en 2025, est une bonne nouvelle puisqu’elle permettra au programme national de garderies de s’enraciner dans chacune des provinces.