(Québec) Le gouvernement Legault prévient Ottawa qu’il y aura un affrontement entre les provinces et le fédéral si Justin Trudeau s’ingère dans leur champ de compétences, notamment en santé, afin de respecter l’entente qu’il a signée avec le Nouveau Parti démocratique (NPD) pour rester au pouvoir.

Libéraux et néo-démocrates ont scellé un pacte mardi à Ottawa afin de permettre au gouvernement libéral de demeurer au pouvoir jusqu’en 2025. En vertu de cette entente, et en échange de l’appui du NPD lors des votes de confiance, le premier ministre Justin Trudeau s’est engagé à mettre en place un programme de soins dentaires pour les moins fortunés, ainsi que d’adopter une loi pour créer une assurance médicaments dans les provinces qui n’en ont pas.

Dans les corridors du parlement à Québec, le premier ministre François Legault a promis qu’il « va y avoir un affrontement pas juste avec le Québec, mais avec toutes les provinces, entre autres avec l’Ontario, [parce que] ce n’est pas vrai que Doug Ford va accepter que ce soit Justin Trudeau qui dise comment on administre le budget de la santé ».

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François Legault

« Le gouvernement fédéral n’a aucune compétence pour être capable de dire combien on met d’argent dans les soins de longue durée, combien on en met en santé mentale, combien on en met pour de nouvelles infirmières. […] Ils n’ont pas la compétence pour gérer le dossier de la santé », a tonné François Legault.

« On a deux partis très centralisateurs, avec le Parti libéral du Canada et le NPD, qui veulent imposer [leur vision] à l’ensemble des provinces. Je pense qu’ils vont frapper un mur », a-t-il prédit.

Des ententes asymétriques

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Sonia LeBel

La présidente du Conseil du trésor et ministre responsable des Relations canadiennes, Sonia LeBel, a également servi un avertissement au gouvernement fédéral : « le Québec n’est pas à vendre » et il n’acceptera pas de se faire dicter ses choix dans son champ de compétences afin d’obtenir sa part du financement fédéral.

« Ce n’est pas anodin, ce qui s’est passé du point de vue du Québec [avec] cette alliance entre le NPD et le gouvernement libéral fédéral. […] Si les députés du fédéral et les partis politiques fédéraux s’intéressent autant au champ de compétences provincial, c’est peut-être qu’ils devraient se présenter aux prochaines élections et devenir des députés du Québec », a-t-elle dit.

Dans ses discussions avec Ottawa, Sonia LeBel réitère la position du Québec, qui exige d’obtenir une pleine compensation sans droit de regard du fédéral lorsqu’il s’immisce avec des programmes qui ne relève pas de ses compétences.

« La position du Québec, elle est claire dans tous les dossiers, que ce soit en matière d’infrastructures, en éducation, en logement ou en santé : on est capable d’assumer nos compétences. […] On prend plus de temps avant d’accepter l’argent parce qu’on ne l’accepte pas à n’importe quelle condition. On ne donnera pas les clés de la maison avec l’argent qui nous est dû », a-t-elle dit.