(Ottawa) Faire face à l’irrationalité de Vladimir Poutine sera une tâche clé pour Justin Trudeau et ses alliés européens, selon la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

Le premier ministre se rendra à Bruxelles, en Belgique. Il entamera ce voyage éclair avec un discours au Parlement européen mercredi, où il soulignera l’importance pour les deux continents de travailler ensemble afin de défendre la démocratie face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

M. Trudeau a prononcé une allocution similaire à Berlin il y a deux semaines. Le premier ministre prévoit réaffirmer la solidarité du Canada avec un continent confronté à son plus grand défi en matière de sécurité depuis la Seconde Guerre mondiale, a expliqué Mélanie Joly.

« Il y a un niveau d’irrationalité dans la façon dont le président Poutine prend des décisions. Et dans ce sens, nous devons être prêts. Nous devons nous adapter aux temps difficiles. Je pense que nos militaires doivent également être mieux équipés », a déclaré la ministre Joly, mardi.

M. Trudeau se joindra à d’autres dirigeants de l’OTAN jeudi pour coordonner la réponse de l’alliance militaire à l’attaque de la Russie contre l’Ukraine. Il rencontrera aussi d’autres dirigeants du G7 avant de revenir au pays vendredi.

Le premier ministre a effectué une tournée en Europe au début du mois, où il a tenu des réunions à Londres, Berlin et Varsovie. Il a aussi rendu visite aux troupes canadiennes à la tête d’un groupement tactique multinational de l’OTAN en Lettonie.

Justin Trudeau sera pressé d’augmenter le budget de la défense du Canada, qui, selon les estimations de l’OTAN, représente 1,39 % du produit intérieur brut (PIB) du pays en 2021.

Ayant elle aussi sillonné l’Europe ces dernières semaines, Mélanie Joly a de nouveau souligné mardi que l’Allemagne avait pris un engagement historique d’augmenter ses dépenses de défense jusqu’à l’objectif de l’OTAN de 2 % du PIB du pays.

Cette promesse de dépenses a marqué un changement radical dans la politique militaire et étrangère allemande.

« Les temps ont changé, le monde a changé depuis le 24 février, date de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’Allemagne a décidé de prendre une décision très importante en augmentant ses dépenses militaires. Et nous faisons le point sur cela », a déclaré Mme Joly.

Il y a deux semaines à Berlin, la ministre des Finances Chrystia Freeland a laissé entendre qu’il pourrait y avoir plus d’argent pour l’armée dans le prochain budget fédéral.

Justin Trudeau est resté évasif mardi lorsqu’il a été interrogé sur la possibilité d’augmenter les dépenses militaires.

Mais sa ministre des Affaires étrangères a clairement indiqué que le Canada devra augmenter son soutien militaire à l’Ukraine pour l’aider à repousser les attaques russes et donner à Kyiv plus de poids dans les futurs pourparlers de cessez-le-feu avec le Kremlin.

« Nous continuerons d’annoncer davantage de sanctions. Nous veillerons également à envoyer davantage d’armes à l’Ukraine, car c’est le meilleur moyen de mettre un maximum de pression sur la Russie, mais aussi de nous assurer que les Ukrainiens sont capables de se défendre sur le terrain », a affirmé Mme Joly.

« Parce qu’au final, la diplomatie continue, les négociations ont lieu. Et il est important que l’Ukraine soit en position de force à la table des négociations. »

M. Trudeau s’est entretenu mardi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky avant son départ prévu plus tard pour Bruxelles. Ils ont discuté « de la poursuite de l’aide internationale en prévision des rencontres prochaines de l’OTAN et du G7 », a indiqué le bureau de Justin Trudeau dans un communiqué.

« Les deux dirigeants ont exhorté la Russie à cesser de cibler des civils, à retirer ses forces militaires du territoire ukrainien et à entreprendre des démarches diplomatiques avec l’Ukraine », peut-on lire également.

Lors de son discours nocturne, le président Zelensky a souligné cette importante discussion qui a eu lieu avec le Canada mardi.

« Nous allons continuer de coordonner nos positions à la veille des sommets de l’OTAN et du G7 cette semaine. Justin Trudeau va nous soutenir », a affirmé le président ukrainien.

Pour M. Zelensky, les garanties de sécurité pour l’Ukraine sont vitales, « non seulement pour nous, mais aussi pour les pays voisins », a-t-il dit.