(Ottawa) La hausse du coût de la vie sera l’un des enjeux dominants des prochaines élections fédérales, prédit le député Pierre Poilievre, qui brigue la direction du Parti conservateur. Et les conservateurs ne peuvent espérer remporter la bataille contre les libéraux de Justin Trudeau en ayant à leur tête un leader qui a déjà alourdi le fardeau des consommateurs, selon lui.

Dans une entrevue accordée à La Presse avant d’entreprendre une tournée au Québec, Pierre Poilievre s’est défendu d’attaquer son principal adversaire de cette course, l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest. Il a dit vouloir simplement souligner son bilan à titre de premier ministre.

Avant même que Jean Charest confirme la semaine dernière qu’il tenterait un retour sur la scène fédérale en se lançant dans la course à la direction du Parti conservateur, les principaux ténors de la campagne de Pierre Poilievre ont multiplié les attaques contre lui sur les réseaux sociaux en le décrivant comme un libéral du même acabit que Justin Trudeau. Ils ont notamment soutenu qu’il avait augmenté la taxe de vente au Québec, instauré une bourse du carbone et dénoncé l’abolition du registre des armes à feu.

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Jean Charest, lors de l’annonce officielle de sa candidature à la direction du Parti conservateur, à Calgary, le 10 mars dernier

« Je ne dirais pas que ce sont des attaques. Je dirais que c’est un résumé de son bilan. C’est vrai. Honnêtement, comment peut-on gagner une élection sur l’enjeu de l’inflation en ayant un chef qui a déjà augmenté la taxe de vente ? C’est cela, son bilan. C’est malheureux. Mais c’est cela », a argué le volubile député, considéré comme le meneur au début de cette course.

Moi, j’ai aidé Stephen Harper à réduire la taxe de vente, à réduire les coûts pour les consommateurs. Je crois que l’enjeu principal des élections qui s’en viennent sera l’inflation et le coût de la vie. Au niveau fédéral, je suis le seul qui en parle au Québec. Et pas moins de 73 % des Québécois sont préoccupés par l’inflation.

Pierre Poilievre, candidat à la direction du Parti conservateur

M. Poilievre a affirmé avoir l’intention de présenter un plan économique détaillé pour combattre l’inflation durant la course, qui connaîtra son dénouement le 10 septembre. Ce plan contiendra également des mesures pour réduire le déficit et soutenir la croissance de l’économie. Pour faire fondre le déficit, il annulerait le plan de relance de 100 milliards de dollars contenu dans le plus récent budget du gouvernement Trudeau et abolirait la Banque de l’infrastructure du Canada.

« Ma préoccupation principale, c’est de combattre l’inflation. J’aurai un plan très clair qui va réduire le déficit et arrêter l’impression de l’argent par la Banque du Canada. Et je pense que l’on va gagner les élections sur cet enjeu. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas avoir un chef qui a un bilan d’augmenter les taxes sur les consommateurs », a-t-il plaidé.

La loi 21 s’invite dans la course

Au premier tour de piste de cette course, les candidats en lice ont été contraints de se prononcer sur la Loi sur la laïcité de l’État, adoptée par l’Assemblée nationale. L’un des candidats, le maire de Brampton, Patrick Brown, a dénoncé la loi 21 en confirmant ses intentions durant une conférence de presse dimanche. En tant que maire, il a lancé une mobilisation de certaines villes canadiennes pour financer la contestation de cette loi devant les tribunaux.

À ce sujet, M. Poilievre a affirmé qu’il s’opposait aussi à cette loi, mais il croit qu’il faut respecter les compétences des provinces. « Je suis contre cette loi. Je pense que c’est une mauvaise loi. Je reconnais que la nation québécoise a le droit de faire ses propres lois. Je respecte les compétences des provinces. Mais j’espère que les Québécois décideront d’abroger cette loi », a-t-il affirmé.

Construction de pipelines

M. Poilievre a aussi fait de l’abolition de la « taxe » sur le carbone son cheval de bataille depuis le début de la course. En entrevue, il a affirmé qu’il comptait présenter un plan crédible pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. « La taxe sur le carbone ne fait qu’envoyer des jobs et des industries ailleurs dans des pays plus polluants, et cela a eu pour effet d’augmenter les émissions mondiales », a-t-il dit.

M. Poilievre a soutenu que les Canadiens étaient mûrs pour avoir une nouvelle conversation sur la construction de pipelines au pays. Il a affirmé que le président de la Russie, Vladimir Poutine, finançait son effort de guerre en Ukraine en vendant du pétrole et du gaz au pays de l’Europe.

« Il faut parler des vrais choix. Le choix n’est pas d’éliminer le pétrole demain. Le choix est de savoir si on va importer le pétrole de l’étranger ou si l’on va produire de l’énergie éthique et responsable au Canada. Les Québécois ont déjà montré dans des sondages que s’ils doivent choisir entre l’énergie venant du Canada versus le pétrole de l’étranger, les Québécois préfèrent l’énergie canadienne. Aussi avec ce qui se produit en Europe et l’invasion de la Russie, on voit maintenant ce qui arrive quand on donne tout le marché du pétrole aux dictateurs de la planète. »