(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau s’envolera pour le continent européen dimanche pour discuter de l’approche à adopter face à la guerre lancée par la Russie en Ukraine, qui dure depuis plus d’une semaine. Il a appelé vendredi à une désescalade de la violence au lendemain des tirs d’artillerie lancés sur la centrale nucléaire de Zaporijjia par l’armée russe.

Il rencontrera ses homologues du Royaume-Uni, de la Lettonie, de l’Allemagne et de la Pologne afin d’échanger, entre autres, sur les façons de contrer la désinformation véhiculée par la Russie pour justifier sa guerre en Ukraine.

« Évidemment, nous allons discuter de comment nous pouvons continuer de soutenir l’Ukraine, comment renforcer les valeurs démocratiques ailleurs dans le monde, comment défendre encore plus la démocratie, s’opposer à l’agression de la Russie et travailler vraiment fort pour combattre la désinformation », a-t-il énuméré en conférence de presse. Désinformation qui « a fait partie de cette guerre en Ukraine bien avant qu’elle ne commence ».

Le premier ministre était de passage à Mississauga, en Ontario, pour une annonce sur le transport collectif et devait se rendre plus tard à Toronto pour rencontrer des membres de la communauté ukrainienne.

« Les sanctions fonctionnent. La Russie est sous le choc, a-t-il affirmé. […] Nous voyons qu’un coût sans précédent est associé à cette décision malavisée, cette erreur épouvantable commise par Vladimir Poutine de violer la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un pays voisin. »

Son voyage débutera à Londres, où il rencontrera le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, en compagnie du premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, pour discuter des mesures qui pourraient avoir un « maximum d’impact sur la Russie », selon un membre de son entourage. M. Trudeau aura également une audience avec la reine Élisabeth II, récemment remise de la COVID-19.

Il se rendra ensuite à Riga, en Lettonie, mardi, où sont postés plus de mille soldats canadiens dans le cadre de l’opération Reassurance en appui à l’OTAN. En plus de rencontrer ses homologues letton, estonien et lituanien, M. Trudeau discutera avec le secrétaire général de cette alliance défensive, Jens Stoltenberg, de la réaction à l’attaque russe en Ukraine.

Son troisième arrêt sera l’Allemagne pour rencontrer le chancelier, Olaf Scholz. Il sera question de la situation en Ukraine, des changements climatiques et de l’approvisionnement d’énergie dans ce pays dépendant du gaz russe. À la Chambre des communes, les conservateurs en font un argument pour l’approbation d’un nouveau pipeline qui permettrait d’exporter l’énergie fossile de l’Alberta.

Le voyage du premier ministre Trudeau se terminera en Pologne, où des centaines de milliers d’Ukrainiens ont afflué depuis le début de la guerre. Le gouvernement canadien a annoncé jeudi qu’il accélérerait l’accueil de ces réfugiés au pays.

Trudeau appelle à une désescalade

« Nous avons besoin de voir une grande prudence et une désescalade de la violence en général en Ukraine, mais plus particulièrement près des centrales nucléaires », a-t-il affirmé en conférence de presse vendredi. Les bombarder « aggraverait cette crise » et créerait un « problème que personne ne veut voir ».

La centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, est maintenant occupée par les Russes, selon le gouvernement ukrainien. Jeudi soir, M. Trudeau et la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, en ont discuté avec le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, pour exprimer leur « profonde préoccupation » concernant les tirs d’artillerie qui venaient d’y être lancés.

Le premier ministre Trudeau a exhorté la Russie à mettre fin immédiatement à ses activités militaires dans la région et s’est engagé à continuer de travailler de concert avec nos partenaires et alliés.

Extrait du compte rendu de la discussion entre Justin Trudeau et Volodymyr Zelensky

Depuis le début de la guerre, le 24 février, le Canada a envoyé de l’équipement militaire létal et non létal pour venir en aide aux combattants ukrainiens et a imposé avec ses alliés des sanctions économiques sans précédent. Le ministère de l’Immigration se prépare également à accueillir de nombreux réfugiés ukrainiens.

Les membres de l’OTAN, dont le Canada, ont rejeté de nouveau vendredi la demande de Kyiv de créer une zone d’exclusion aérienne en Ukraine pour éviter de se laisser entraîner dans cette guerre. Ils veulent éviter d’envoyer des avions dans le ciel ukrainien pour l’appliquer.

« En ne réagissant pas rapidement et en projetant sa faiblesse, le monde encourage Poutine à poursuivre ses plans d’anéantissement de l’Ukraine et de son peuple », a réagi le Congrès ukrainien canadien vendredi.

Le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique demandent que la liste des oligarques russes sanctionnés par le Canada soit allongée.

« Il y a toute une série d’oligarques qui échappent encore aux sanctions », a fait observer le député bloquiste Stéphane Bergeron, en entrevue. « Certains détiennent des parts importantes d’entreprises canadiennes, et c’est peut-être la raison pour laquelle ils y échappent encore. »

« Le gouvernement canadien doit cesser d’hésiter à sanctionner le cercle intime de Poutine, et nous exhortons une fois de plus le gouvernement libéral à cibler ces oligarques russes ultrariches », a déclaré la députée néodémocrate Heather McPherson.

Avec l’Agence France-Presse