(Ottawa) Le NPD maintient son appui au gouvernement Trudeau qui a décidé de recourir à la Loi sur les mesures d’urgence pour mettre fin à l’occupation illégale du centre-ville d’Ottawa et empêcher de nouveaux blocus à des postes frontaliers. Le Bloc québécois soutient quant à lui que l’opération policière coordonnée démontre qu’il n’était pas nécessaire d’utiliser cette « bombe atomique ».

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a ainsi confirmé que ses troupes vont voter lundi soir à la Chambre des communes en faveur de la motion qui permet l’application de cette mesure exceptionnelle. Les libéraux de Justin Trudeau sont minoritaires aux Communes. Ils ont besoin de l’appui d’un des trois partis de l’opposition reconnus pour continuer de faire appliquer la Loi sur les mesures d’urgence.

En conférence de presse, M. Singh a toutefois indiqué que son parti pourrait retirer son appui à tout moment, avant la fin du délai d’application de 30 jours, s’il juge que la situation est suffisamment sous contrôle au pays.

On est toujours dans une crise. Notre appui depuis le début de cette crise était réticent et notre appui continue d’être réticent. […] Ce convoi était un groupe qui a attaqué notre démocratie et qui voulait renverser les élus.

Jagmeet Singh, chef du NPD

Le chef du NPD a fait peu de cas de la décision de Justin Trudeau de faire du vote de lundi soir un vote de confiance. Un rejet de la motion entraînerait donc la défaite du gouvernement Trudeau et provoquerait la tenue d’élections fédérales quelque six mois après le dernier scrutin.

« J’ai toujours compris que cela était un vote de confiance », a-t-il dit.

Quant à la durée de l’appui du NPD, M. Singh a indiqué que cela dépendra de l’évolution de la situation. « Il y a toujours des gens du convoi qui se trouvent dans la région d’Ottawa et donc la menace est toujours là », a-t-il dit.

« On n’aurait jamais dû être dans cette situation. C’est l’échec du gouvernement fédéral, du gouvernement provincial et du gouvernement municipal si nous sommes rendus dans cette situation parce que tous les paliers de gouvernement n’ont pas pris au sérieux cette menace », a dit M. Singh.

Cela dit, le chef néo-démocrate a soutenu que le recours à la Loi sur les mesures d’urgence ne doit pas être un précédent qui permettrait d’empêcher des manifestations légitimes de groupes environnementalistes ou des Premières nations qui cherchent à défendre leurs droits.

Inutile, selon le Bloc québécois

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet estime que l’opération policière « bien orchestrée » prouve qu’il était inutile d’utiliser cette législation de dernier recours.

« On est aujourd’hui au milieu de la preuve que ce n’est ni utile, ni nécessaire, ni indispensable, le gouvernement devrait simplement laisser tomber cet exercice-là plutôt que de monter des opérations de relations publiques pour justifier a posteriori son erreur », a-t-il soutenu depuis la rue Wellington, maintenant déserte.

À son avis, le gouvernement aurait mieux fait d’envoyer des agents de la Gendarmerie royale canadienne pour aider la police d’Ottawa dès le départ au lieu d’attendre plusieurs semaines avant de réagir. Quant aux dépanneuses, il aurait pu « sortir sa carte de crédit » et faire appel à des entreprises américaines au lieu de forcer des entreprises de remorquage locales à déplacer les camions qui bloquaient les rues du centre-ville d’Ottawa.

« Les comptes de banque ne devraient pas être l’objet d’une mesure temporaire pour les trois prochaines semaines, a-t-il ajouté. Si tant est que la mesure soit légitime et justifiable, regardons-la sur une base législative et permanente. »

Le chef bloquiste a également critiqué le fait de faire du vote de ce soir un vote de confiance. « Il invoque la loi la plus contraignante de l’arsenal juridique et parce qu’il a peur de se planter, il menace d’imposer la contrainte d’en faire un vote de confiance, a-t-il répond à la question de La Presse.

C’est un constat d’échec et ce n’est certainement pas une preuve de courage.

Yves-François Blanchet, chef bloquiste

M. Blanchet demande également la tenue d’enquête publique et indépendante pour comprendre pourquoi les autorités ont perdu le contrôle et pourquoi le gouvernement a choisi d’utiliser pour la première fois de son histoire la Loi sur les mesures d’urgence.