(Québec) L’ancien premier ministre Jean Charest a fait savoir au caucus du Parti libéral du Québec qu’il était mécontent d’être associé à des allégations de corruption par les autres formations politiques. La députée Lise Thériault a pris sa défense, passe à l’attaque et demande à l’UPAC d’offrir ses excuses.

« J’ai parlé à M. Charest. La teneur de la conversation a été que les propos tenus par les chefs de parti sont totalement inacceptables », a dénoncé la doyenne de l’Assemblée nationale, qui a été ministre des gouvernements Couillard et Charest.

La veille, la CAQ, le PQ et Québec solidaire se sont attaqués à l’héritage de Jean Charest, qui soupèserait l’idée de se lancer dans la course à la direction du Parti conservateur du Canada. Le ministre de la Cybersécurité, Éric Caire, a indiqué que Jean Charest n’a « pas été un modèle » éthique. Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a dit à son tour que l’héritage de Jean Charest est d’avoir « d’une certaine manière normalisé la corruption en la banalisant ». Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau Dubois, a affirmé que M. Charest a « affaibli » la démocratie « par la corruption ».

Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a quant à lui affirmé en chambre que « tout le monde au Québec sait qu’il y avait les places en garderie, puis que le Parti libéral a vendu ça au privé en échange des donations ».

Thériault enragée

La sortie a fortement déplu à Mme Thériault. « J’étais enragée quand j’ai pris connaissance des propos », a-t-elle lancé. Furieuse, elle a répliqué à chacun des critiques en lançant ses propres attaques.

Elle trouve étonnant que Paul St-Pierre Plamondon se « permette de faire la leçon » alors que le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, a été déclaré « inapte à assumer une charge publique » par la commission des affaires municipales.

Le ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette, quant à lui, « se met les deux mains dans l’administration de la Justice et a été reconnu coupable d’un geste illégal en cour dernièrement », dénonce-t-elle, en faisant référence à l’affaire des juges bilingues. « Il est très mal placé pour pouvoir parler du PLQ. »

« Et honnêtement. Éric Caire. Lui, là, il a embelli son CV dans sa course à la chefferie. Il est qui, lui, pour parler, il devrait parler de ce qui se passe dans son ministère parce qu’aux articles que j’ai lus la semaine passée, ça ne va pas très bien non plus », a-t-elle lancé.

Manquements éthiques

« Avant de parler de nous, il devrait dénoncer ses collègues qui ont reçu de gros manquements au niveau de l’intégrité, dont M. Fitzgibbon. Pour les leçons, on repassera », a ajouté Mme Thériault.

Gabriel Nadeau-Dubois a également eu droit aux foudres de la députée d’Anjou–Louis-Riel. « Je trouve ça affreux qu’il se serve d’Amir Khadir. La fille d’Amir Khadir a saccagé le bureau de Line Beauchamp. Des ministres ont eu des bombes fumigènes dans leur bureau. On a évacué mon édifice. […] Il n’a jamais voulu dénoncer la violence, lui, pour qui il se prend », a pesté l’élue.

Quant à François Legault, « il était responsable du financement du Parti québécois quand Oxygène 9 est arrivé ». « Vous voulez qu’on remonte, on va remonter. »

Mme Thériault a rappelé ses faits d’armes lorsqu’elle était responsable de la Régie du bâtiment. Elle s’est battue pour l’abolition du placement syndical, notamment. « M. Charest m’a appuyée tout au long de ça. Le ménage, il a voulu le faire », a-t-elle dit.

« À ce que je sache, l’UPAC a été obligée de s’excuser pour Guy Ouellet. Peut-être que M. Gaudreau [le patron de l’UPAC] devra aussi s’excuser pour M. Charest à un certain moment donné. […] Chose certaine, ça fait 10 ans. Ça fait 10 ans qu’il y a des allégations, c’est assez. Je n’ai jamais vu ça », a affirmé Mme Thériault.

Elle a conclu sa tirade en affirmant que « lancer de la boue n’est pas une manière honorable de faire de la politique ».

Charest meilleur que Legault

De son côté, même s’il dit n’avoir « jamais été un fan de Jean Charest », le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, considère que son bilan comme premier ministre est « meilleur » que celui de M. Legault.

« J’ai déjà été critique du gouvernement Charest à l’époque quand je travaillais pour un autre parti, mais quand je vois aujourd’hui l’état des finances publiques, quand je vois l’état du système de santé, quand je vois l’état de la dette, et les différentes mesures adoptées depuis deux ans, je peux comprendre que les gens puissent s’ennuyer de Jean Charest », a-t-il soutenu.

Membre du Parti conservateur du Canada, il exercera son droit de vote lors de l’élection du prochain chef. Mais publiquement, il n’appuiera « aucun candidat au cours de cette course », a-t-il dit. La semaine dernière, il a affirmé qu’« il serait bénéfique que la course compte au moins un candidat québécois » et que « l’homme d’affaires Vincent Guzzo pourrait être cette personne ». Ce dernier l’avait appuyé lors de la campagne à la direction du PCQ.