Le Canada enverra à l’Ukraine 7,8 millions de dollars en munitions et équipement militaire, afin de soutenir ce pays d’Europe de l’Est dans sa préparation contre une potentielle attaque de la Russie, qui inquiète le monde entier.

C’est ce qu’a annoncé le premier ministre canadien Justin Trudeau lundi en fin de journée. Il dit avoir approuvé cette décision dans les derniers temps « en raison du sérieux de la situation », mais surtout « en réponse à une demande spécifique de l’Ukraine ».

Il a du même coup indiqué que différentes mesures seront prises avec les États-Unis et le Royaume-Uni, notamment, pour « dissuader » la Russie de passer à l’attaque. « La situation s’aggrave rapidement. Il est important pour les Canadiens, et le monde entier, de savoir que le Canada continuera de soutenir l’Ukraine, son indépendance, sa souveraineté, y compris son droit de se défendre », a martelé le chef libéral.

L’équipement qui sera donné par le Canada aux forces armées de l’Ukraine inclut notamment des mitrailleuses, des pistolets, des carabines, des fusils de précision et 1,5 million de cartouches de munitions.

Son gouvernement allongera également une somme supplémentaire de 500 millions en prêts. Celle-ci s’ajoute aux 120 millions qui avaient été annoncés à la fin de janvier pour soutenir l’économie ukrainienne menacée par les interférences de la Russie, a précisé le premier ministre.

M. Trudeau a aussi rappelé que le Canada « a déjà pris plusieurs actions pour aider l’Ukraine à se défendre » sur le plan strictement militaire. Le ministère de la Défense nationale a d’ailleurs annoncé dimanche que des membres des Forces armées canadiennes basés à Kiev, en Ukraine, seront relocalisés ailleurs en Europe en raison de la menace d’une invasion russe.

Cette relocalisation ne signifie pas la fin de la mission, « mais permet plutôt de recentrer nos efforts tout en assurant la sécurité des membres des Forces armées », et le gouvernement canadien reste « engagé envers le peuple ukrainien et leur mission d’accroître les capacités des Forces de sécurité de l’Ukraine », avaient alors assuré les autorités fédérales. Tout juste avant, samedi, Washington avait aussi ordonné le repositionnement de 160 soldats qui entraînaient les forces sécuritaires ukrainiennes.

Contexte de hautes tensions

Le tout survient alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a décrété lundi une Journée de l’unité pour mercredi, cité par des médias comme date potentielle d’une attaque russe.

« On nous dit que le 16 février sera le jour de l’attaque. Nous allons en faire une Journée de l’unité », a déclaré le chef de l’État dans une adresse à la nation, appelant les Ukrainiens à accrocher le drapeau national et à afficher ses couleurs bleu et jaune ce jour-là.

Aux États-Unis, le gouvernement de Joe Biden pense toujours pour sa part que le président russe Vladimir Poutine n’a pas pris sa « décision finale » d’envahir ou non l’Ukraine. « Nous ne pensons toujours pas qu’une décision finale a été prise », mais « une action militaire pourrait intervenir n’importe quand », a en effet expliqué le porte-parole du Pentagone, John Kirby, lors d’un point de presse.

Sur le continent européen, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a de son côté estimé lundi soir que « tous les éléments » étaient réunis pour une offensive militaire « forte » de la Russie en Ukraine.

« C’est possible là, c’est possible rapidement », a-t-il déclaré à la chaîne France 5.

Plus tôt dans la journée, Boris Johnson avait quant à lui jugé une invasion russe de l’Ukraine possible « dans les 48 heures » et avait appelé Vladimir Poutine à s’éloigner du « précipice ». M. Johnson a décidé d’écourter un voyage dans le nord-ouest de l’Angleterre pour rentrer à Londres et compte présider ce mardi une réunion interministérielle de crise après avoir été informé par les services de renseignement.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a affirmé lundi qu’il était « temps de désamorcer » la crise entre la Russie et l’Occident autour de l’Ukraine, sur le terrain et par la diplomatie, en respectant la Charte des Nations unies interdisant le recours aux menaces. La Russie, elle, a jugé possible lundi un règlement diplomatique de la crise entourant l’Ukraine et annoncé la fin de certaines manœuvres militaires, au moment où la crainte d’une invasion imminente atteignait son pic.

Avec Mélanie Marquis, La Presse, et l’Agence France-Presse