Le ministre de la Santé, Christian Dubé, s’est excusé vendredi pour avoir laissé entendre que les oppositions « cautionnent » le fait de « prendre les armes » contre les consignes sanitaires, alors que les libéraux, les péquistes et les solidaires réclament de « prendre au sérieux » l’expression de ces idées violentes.

« Le premier ministre l’a dit hier et je vais le dire pour que les Québécois nous entendent. Il est irresponsable pour les oppositions de venir cautionner les gens qui menacent de prendre les armes contre les consignes sanitaires, en insinuant que ce serait un peu la faute du gouvernement », a martelé M. Dubé lors d’une période d’interpellation à l’Assemblée nationale.

En retirant ensuite ces propos jugés non parlementaires, le ministre caquiste a tout de même insisté qu’il le « pense quand même ». « Notre rôle comme parlementaires, ce n’est pas de jeter de l’huile sur le feu, mais d’être là pour tous les Québécois ensemble. On a encore beaucoup de travail pour se sortir de la pandémie. Il est encore temps d’avoir un discours qui est collaborateur et inclusif », a-t-il poursuivi.

Cette semaine, l’un des organisateurs du « convoi de la liberté », qui a manifesté à Québec le week-end dernier, avait affirmé sur Facebook que plusieurs manifestants lui avaient fait part d’idées violentes, dont certains qui « étaient prêts à faire des tueries ».

Les oppositions, dont les libéraux et les péquistes, ont alors déclaré qu’il faut prendre cette situation « au sérieux ». « Le gouvernement doit prendre acte qu’il y a une certaine polarisation en ce moment, qu’il y a de plus en plus de gens qui se posent des questions et, donc, être plus transparent », a soutenu le leader parlementaire libéral, André Fortin. Peu après, M. Legault a déclaré que « ça n’a pas de bon sens que le Parti libéral et le Parti québécois disent que c’est de [sa] faute si ces gens-là menacent de prendre les armes ».

De graves « amalgames », disent les libéraux

En dénonçant ces « amalgames », le critique libéral en santé Monsef Derraji – c’est lui qui avait convié le ministre Dubé à répondre à ses questions vendredi matin – s’est fait catégorique.

Je vais fermer cette porte une fois pour toutes. Il n’y a aucun élu à l’intérieur de ce Parlement qui encourage la violence. C’est un raccourci très malhonnête. En aucun cas, ni moi, ni aucune autre formation politique, ni aucun élu n’a encouragé quoi que ce soit. Lancer ces propos, c’est irresponsable.

Monsef Derraji, critique libéral en santé

Chez les solidaires, le critique en santé Vincent Marissal a aussi dénoncé les propos « pas chics » du ministre de la Santé. « On est vraiment de l’autre bord de la ligne. Il n’y a pas personne ici qui va me dire que j’encourage fomentation, la violence et les armes », a-t-il fustigé, en invitant M. Dubé à présenter des excuses formelles à ses collègues de l’opposition. Le chef parlementaire péquiste, Joël Arseneau, a de son côté qualifié les propos de Christian Dubé « d’accusations gratuites et infondées ».

« Si mes propos ont été blessants, ce n’était pas mon intention. Le message que je voulais passer, c’est qu’en ce moment on a besoin de travailler ensemble […] pour se sortir de cette foutue pandémie », a plus tard avoué M. Dubé, en présentant ses excuses formelles aux députés de l’opposition, qui l’ont remercié.

Sur Twitter vendredi, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, a parlé de propos odieux et mensongers, en demandant au premier ministre Legault d’imiter Christian Dubé, en s’excusant à son tour.

Plus tôt vendredi, en point de presse, M. Derraji avait dit comprendre que les Québécois veuillent exprimer leur fatigue, disant toutefois que « personne ne va gagner s’il y a une escalade de violence ».

M. Arseneau a quant à lui fait valoir vendredi matin qu’il était possible de débattre de ces choses « de façon sérieuse et rigoureuse ». Il déclaré qu’il fallait comme élu, de manière générale, « éviter de mettre de l’huile sur le feu et de stigmatiser certaines couches de la population », afin de plutôt « ouvrir le dialogue ».

Avec Hugo Pilon-Larose et La Presse Canadienne