(Québec) Le Parti conservateur du Québec (PCQ) se défend d’être antivaccin et le porte-parole de son comité santé, le DKarim Elayoubi, encourage les Québécois à se faire vacciner.

« En tant que porte-parole du comité [santé] du PCQ, j’encourage en mon nom la population à se faire vacciner », a lancé le médecin de famille en entrevue avec La Presse. Il réagissait à la sortie de Québec solidaire (QS), qui associe Éric Duhaime au mouvement antivaccin.

Le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, estime que la « taxe vaccin » du gouvernement Legault alimente la polarisation « et qu’une seule personne en profite : Éric Duhaime et son mouvement antivaccin ».

Sur les réseaux sociaux, M. Duhaime a répliqué qu’il s’agissait de « raccourcis intellectuels » et de « mensonges éhontés ». Il n’encourage pas lui-même la population à se faire vacciner contre la COVID-19, mais recommande aux gens d’en parler à leur médecin.

M. Duhaime a également annoncé la semaine dernière que la comédienne Anne Casabonne porterait les couleurs du PCQ dans la circonscription de Marie-Victorin lors de l’élection partielle à venir. Mme Casabonne avait fait les manchettes en écrivant un texte où elle qualifiait le vaccin contre la COVID-19 de « grosse marde » et de « cochonnerie ». Sans révéler si elle était vaccinée ou non, elle a toutefois nié qu’elle était antivaccin et affirme que ce texte était en fait une satire.

Le DElayoubi, copropriétaire d’une clinique de santé à Lachute, est à l’aise avec ces explications.

[M. Duhaime] le dit publiquement, il est doublement vacciné. Il n’est certainement pas un antivaccin. Il propose aux gens d’aller voir leur médecin pour en discuter, ça m’apparaît être un propos raisonnable.

Le Dr Karim Elayoubi, porte-parole du comité santé du PCQ

Il fait également confiance à Mme Casabonne. « Elle a manifesté que ce n’est pas une antivaccin du tout. À partir de ce moment-là, on ne peut pas dire que c’est une antivaccin. […] Elle a eu plein de vaccins dans sa vie. Elle dit que c’est une satire, moi, je lui donne le bénéfice du doute », a-t-il expliqué.

Privé en santé

Le médecin de 38 ans est dans le giron du PCQ depuis près d’un an. Il s’est joint au comité santé il y a quelques mois pour participer à l’élaboration de la plateforme électorale du parti. Le médecin a une « pratique lourde », ce qui l’empêchera d’être candidat du PCQ lors des élections générales d’octobre prochain. En plus du GMF, il travaille également à l’hôpital de Lachute aux urgences et en hospitalisation. Il a d’ailleurs traité de nombreux patients atteints de la COVID-19.

Il a un parcours « atypique » : après avoir commencé une résidence en neurochirurgie, il a bifurqué vers la médecine familiale, qui lui plaît davantage.

Qu’est-ce qui l’attire au PCQ ? Il souhaite voir une réforme du réseau de la santé qui inclue le secteur privé. Il a choisi cette formation politique pour cette raison.

Les gens ont tendance, lorsqu’on dit “privé” et “santé”, à trouver que c’est comme dire “Lord Voldemort” dans Harry Potter.

Le Dr Karim Elayoubi, porte-parole du comité santé du PCQ

Il aimerait plutôt un système mixte avec des hôpitaux privés qui pourraient prendre des patients du secteur public lorsque les listes d’attente débordent. Il n’est pas question, dit-il, de « copier le modèle américain ».

Quant aux mesures sanitaires, il est à l’aise avec les prises de position d’Éric Duhaime. La semaine dernière, M. Duhaime avait indiqué qu’il était conseillé par un « comité scientifique » formé de « cinq, six médecins », dont le DElayoubi. « M. Duhaime l’a dit, il faut une levée des mesures sanitaires de façon graduelle », dit-il.

« Contre la coercition »

Le PCQ, ajoute-t-il, n’est pas « contre le port du masque ». « En tant que démocrate, et on connaît la ligne de pensée libertarienne de M. Duhaime, il est contre la coercition, [contre le fait] que la police oblige à porter le masque […] Il est plus en faveur de l’encourager en fonction des évidences scientifiques. » À son avis, s’il est utile de porter le masque en situation de haute transmission du virus, dit-il, il est moins pertinent de le porter en plein été alors que le nombre de cas est très bas, par exemple.

Le DElayoubi répond également au personnel du réseau de la santé qui se sent « seul » et oublié dans le débat sur le déconfinement. « Je respecte cette idée, mais je ne me sens pas seul. Les Québécois et Québécoises ont fait beaucoup de sacrifices depuis le début de la pandémie, [c’est] probablement la population qui en a fait le plus […] en Amérique du Nord. Les gens nous soutiennent beaucoup, ils sont responsables, raisonnables », a-t-il dit.

Lorsqu’il prend position sur des mesures sanitaires, il dit considérer les « autres aspects de la santé ». « Je pense aux hôpitaux, aux soins intensifs, mais je pense aussi à la clientèle pédiatrique, à la santé mentale, à l’alcoolisme, à la violence conjugale en situation de confinement. »