La contribution santé imposée aux non-vaccinés ne servira les intérêts de personne, estime Gabriel Nadeau-Dubois. Sauf ceux du Parti conservateur du Québec.

L’approche punitive du gouvernement Legault envers les non-vaccinés est contre-productive, divise et ne bénéficiera qu’à « Éric Duhaime et son mouvement antivaccin », déplore Gabriel Nadeau-Dubois. Il craint la polarisation de la société québécoise.

« Je suis assez inquiet. Si la tendance se maintient, les débats risquent d’être monopolisés par la contribution santé [pour les non-vaccinés], qui s’annonce comme la principale action du gouvernement lors de la rentrée à l’Assemblée nationale », affirme le chef parlementaire de Québec solidaire en entrevue avec La Presse.

Il s’en prend à François Legault, un « premier ministre qui pointe du doigt » et qui met en place une « stratégie de division ». « C’est très clair que ça va alimenter le discours anti-mesures sanitaires, ça a déjà commencé », croit-il.

La contribution santé, dit-il, n’est pas une mesure de santé publique, ni un plan de sortie de crise, mais plutôt une « stratégie politique » pour concentrer la frustration des Québécois envers les personnes non vaccinées.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Gabriel Nadeau-Dubois

Je comprends et je partage cette frustration, mais emmerder les non-vaccinés, ça ne nous rapproche aucunement de la sortie de la cinquième vague, ça n’ouvre pas de nouveaux lits d’hôpital, ça n’attire pas plus d’infirmières.

Gabriel Nadeau-Dubois

En mettant de l’avant cette mesure, le gouvernement Legault encourage une « dynamique de polarisation, comme on le voit aux États-Unis », dénonce le député de Gouin. Selon plusieurs sondages récents, cette contribution santé qui sera exigée des personnes non vaccinées est assez populaire. Elle rallie 65 % des répondants d’un sondage CROP-La Presse publié le 21 janvier. Soulignons par contre que cette contribution n’a pas été chiffrée par le gouvernement. Un projet de loi doit être déposé en février.

Pour Québec solidaire, toutefois, il ne s’agit pas d’une solution efficace pour limiter la propagation du virus. « Ma conjointe et moi, on est touchés par le délestage. Je comprends la frustration, mais j’ai envie qu’on n’oublie pas nos valeurs. L’universalité des soins de santé et la solidarité, ce sont des valeurs québécoises. Ma crainte, c’est qu’on perde ces valeurs de vue », dit-il.

Bon pour Éric Duhaime

Gabriel Nadeau-Dubois pense qu’il n’y aura qu’un seul gagnant à cette polarisation : le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime. « Ma crainte, c’est que des mesures comme la contribution santé alimentent la polarisation, et qu’une seule personne en profite, Éric Duhaime et son mouvement antivaccin. Toute la société québécoise va en sortir affaiblie », dénonce l’élu.

M. Nadeau-Dubois soutient que les Québécois se sont illustrés depuis le début de la pandémie par leur « solidarité ». Contrairement aux États-Unis, les Québécois, peu importe leur allégeance politique, ont été « capables de se tenir ». Mais en cessant de miser sur la science et en s’appuyant sur son « flair », François Legault risque de briser cet élan.

Québec solidaire estime donc que le débat sur la contribution santé est un piège. Mais comment l’éviter ? « François Legault est en mode punition, nous, on va être en mode solution », répond M. Nadeau-Dubois.

Il veut plutôt faire des propositions, notamment « sur la distribution de masques N95, sur la qualité de l’air dans les écoles, sur des façons d’augmenter le taux de vaccination » ou bien sur les façons de « réparer » le système de santé.

L’approche actuelle, demander aux gens de venir vers le vaccin, a atteint sa limite, ça va prendre une nouvelle stratégie.

Gabriel Nadeau-Dubois

Les élus de la formation politique de gauche discuteront de ces mesures au cours de leur caucus présessionnel qui se déroule mercredi et jeudi.

« Depuis le virage ambulatoire péquiste, on a sans interruption coupé dans le financement de la santé et centralisé le système de santé. On est entrés dans la pandémie avec une capacité hospitalière parmi les plus faibles de tous les pays développés. Sortir de la crise, ça veut dire commencer à régler ce problème. Ma crainte est qu’on parle de tout sauf de ça », conclut M. Nadeau-Dubois.