(Québec) Le chef du Parti conservateur Éric Duhaime demande la levée graduelle de l’ensemble des restrictions sanitaires malgré la situation périlleuse dans le réseau de la santé québécois.

« Si les mesures sanitaires fonctionnaient, on le saurait. Si les mesures sanitaires étaient si efficaces que ça, on aurait le meilleur bilan, pas le pire », a lancé M. Duhaime en point de presse mercredi.

Il a cité en exemple le Royaume-Uni, qui a annoncé la fin prochaine de l’essentiel des restrictions anti-COVID-19. « Le port du masque ne sera plus obligatoire. Le passeport sanitaire ne sera plus obligatoire. Ils sont en train de sortir de la crise. On voit un paquet de pays sortir de la crise. Ici, on agit encore comme si on en était à la première vague, et c’est ça qui est le problème », a-t-il dénoncé en point de presse mercredi.

La veille, le ministre de la Santé Christian Dubé affirmait pourtant que le réseau de la santé au Québec est « au bout du rouleau » et que l’élastique est « étiré au maximum ». « Dire aujourd’hui qu’on va enlever des mesures » alors que le réseau est surchargé, ce serait faire preuve de « manque de conscience », disait M. Dubé, en rappelant aux gens qui plaident pour la réouverture des restaurants ou des gyms qu’il fallait « faire attention de ne pas donner de raisons » de ne pas respecter les règles. Et avec 88 nouveaux morts mercredi, le Québec compte plus de décès qu’au sommet de la deuxième vague, l’hiver dernier.

Pour Éric Duhaime, toutefois, le temps est venu pour les Québécois de retrouver le « plaisir » : « Il n’y a pas de fun au Québec, là, on a aboli le plaisir ici depuis trop longtemps. Il est temps de remettre le Québec sur la normalité des choses », a-t-il dit. Il plaide pour l’abolition du passeport vaccinal, la réouverture des restaurants, des cinémas, et graduellement, la levée de l’ensemble des mesures sanitaires. « On a un comité scientifique, là, qui nous conseille. J’ai cinq, six médecins sur le conseil », a-t-il expliqué. Il n’a pas souhaité dévoiler leur identité durant le point de presse.

M. Duhaime estime que le nombre d’hospitalisations dans le réseau de la santé est « gonflé à l’hélium ». « Au moment où je vous parle, on nous dit maintenant qu’il y a 50 % des gens qui rentrent à l’hôpital, qu’on découvre qu’ils ont la COVID, qui sont comptabilisés comme la COVID, mais qui ne sont pas là parce qu’ils ont la COVID », dit-il. Il remet également en question les chiffres sur la mortalité.

Protocoles stricts

L’équipe du ministre Dubé rétorque qu’au-delà des chiffres, la crise est réelle dans les hôpitaux. « Il est vrai que nous avons plus de cas hospitalisés qui le sont pour une autre raison que la COVID-19, mais le fait est qu’ils sont testés positifs sur place. Au-delà des chiffres, ce que monsieur Duhaime ne souligne pas, c’est que peu importe la raison de l’admission à l’hôpital, des protocoles stricts doivent être appliqués lorsqu’une personne est atteinte de la COVID-19 pour éviter des éclosions et d’autres patients COVID », indique Marjaurie Côté-Boileau, directrice des communications au cabinet du ministre de la Santé.

« Nous invitons monsieur Duhaime à discuter personnellement avec du personnel de la santé, à les questionner sur leur quotidien et leur charge de travail depuis 22 mois, afin qu’il comprenne l’ampleur de la crise que nous vivons actuellement », a-t-elle ajouté.

Autre exigence du PCQ : la levée de l’état d’urgence sanitaire et le retour des 125 députés à l’Assemblée nationale. « On peut le faire de façon graduelle, là. Qu’on s’assoie puis qu’on en discute. C’est ça, le but, là. C’est pour ça qu’on a besoin d’un Parlement fonctionnel puis qu’on a besoin d’arrêter d’être dirigés par un seul homme qui fait ça avec son pif », a-t-il dit. Il souligne l’exemple américain. « On va regarder les games de la NFL en fin de semaine pour les séries, on va voir des 70 000 personnes rassemblées pas de masques dans des États où les gens sont deux fois moins vaccinés que nous, puis ces gens-là, tout est correct. »