(Ottawa) Justin Trudeau suggère que la pandémie a pu changer la perception des Québécois sur le port de signes religieux, puisque ces derniers ont développé l’habitude de recevoir des services de personnes arborant un masque sanitaire.

Il a partagé cette lecture en conférence de presse, mardi, alors que certains journalistes anglophones ont évoqué la loi sur la laïcité en l’invitant à réagir à l’attentat islamophobe qui a fait quatre victimes d’une même famille à London, en Ontario.

« Ça ne me surprendrait pas que dans les semaines et les mois à venir, il y ait des réflexions à avoir sur le but et l’importance de la loi 21, en partie parce que ça fait un an qu’on passe beaucoup de temps avec des masques qui couvrent nos visages en obtenant des services de l’État, et aussi parce qu’il y a une réelle inquiétude par rapport à la montée d’intolérance et d’islamophobie », a-t-il offert.

Ce que Justin Trudeau a refusé net de faire, en revanche, c’est d’établir un lien entre ce qu’il a qualifié de geste « terroriste » et la loi 21 sur la laïcité, alors que trois journalistes de langue anglaise ont essayé de l’amener sur ce terrain.

« Êtes-vous d’accord avec ce que des experts et des militants de ces communautés disent, soit que la loi 21 alimente la haine et alimente la discrimination ? », lui a-t-on finalement demandé à la dernière de ces tentatives.

« Non », a-t-il tranché.

Réponse cinglante de Legault

Sur l’autre colline, le premier ministre du Québec, François Legault a rabroué son homologue.

« Je pense que les Québécois savent faire la différence entre un masque pour se protéger d’un virus et un masque qui est porté pour des raisons religieuses », a-t-il lancé en conférence de presse, alors qu’il discutait de l’allégement des mesures sanitaires.

« Il y a une majorité de Québécois qui sont d’accord, avec la loi 21, qui sont d’accord pour interdire les signes religieux pour les personnes qui sont en autorité, puis M. Trudeau, bien, devrait prendre acte de ce que souhaite la majorité des Québécois », a-t-il enchaîné.

De retour à Ottawa, le député bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe a eu une réaction similaire.

« Après des années de discussions au Québec, il est malheureux que le premier ministre ne comprenne toujours pas le concept de laïcité », a-t-il déploré dans une déclaration écrite.

Son collègue conservateur Alain Rayes a également adressé des reproches au premier ministre, qualifiant sur Twitter sa déclaration sur la loi 21 de « méprisante envers les Québécois et le gouvernement du Québec » et concluant que ce n’était « pas fort ».