(Québec) L’ex-député péquiste Sylvain Roy en a gros sur le cœur. Il estime avoir été « discrédité » par le chef du parti Paul St-Pierre Plamondon, qui a tout fait pour l’évincer, parce qu’il ne cadrait pas avec la nouvelle vision que ce dernier tentait d’imposer à la formation politique et au caucus.

Il y voit un manque de respect, envers lui, mais aussi envers ses anciens collègues députés péquistes.

Paul St-Pierre Plamondon veut « l’élimination des vieux députés » péquistes, pour rajeunir son aile parlementaire et donner une image de renouveau au parti, a affirmé dimanche le député de Bonaventure, devenu vendredi indépendant, lors d’une entrevue téléphonique exclusive à La Presse Canadienne.

M. Roy s’est vidé le cœur, en affirmant que M. St-Pierre Plamondon manquait de respect, à ses yeux, envers son aile parlementaire. « Il m’a jeté en dessous de l’autobus », illustre le député, qui dit en avoir perdu le sommeil dernièrement, avant d’en venir à la conclusion qu’il devait quitter le caucus avant d’en être expulsé.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Paul St-Pierre Plamondon

« J’étais de trop », selon l’élu qui se voit comme « le canari au fond de la mine », portant, dans plusieurs dossiers, un message qu’on ne voulait pas entendre en haut lieu. Il a donc choisi de claquer la porte vendredi.

Selon lui, le chef souhaitait qu’il cède sa place pour présenter l’avocat et ex-journaliste Alexis Deschênes en 2022 dans Bonaventure.

Pas intéressé par la CAQ

Sylvain Roy met par ailleurs un terme à toutes les rumeurs laissant entendre qu’il pourrait passer dans le camp de la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault. Il assure qu’il n’en a jamais été question, qu’il n’a jamais été approché par la CAQ et qu’il n’a « aucun intérêt » pour ce parti « urbano-centriste ».

Le député de 56 ans, qui se dit toujours souverainiste, va donc siéger comme indépendant jusqu’à la fin du mandat et n’exclut pas totalement de se porter candidat à nouveau au scrutin de 2022. Il dit ne pas avoir pris de décision.

Il se dit peiné de la tournure des évènements et se montre « très inquiet » pour l’avenir du Parti québécois (PQ), une formation « qui n’est pas capable de respecter ses députés », insiste-t-il.

La rupture entre M. Roy et le Parti québécois (PQ) avait même commencé avant l’arrivée en poste du nouveau chef, car « cela fait longtemps qu’on me montrait la porte », assure-t-il, ajoutant cependant que la crise s’était « accélérée » depuis que Paul St-Pierre Plamondon dirige le parti, en octobre dernier.

Il va jusqu’à se demander si ce dernier « sera encore chef en 2022 », affirmant que l’enjeu de la prochaine élection sera « de ne pas perdre » le peu de sièges que le PQ détient encore. Il comptait 10 députés lors du scrutin de 2018, il n’en a plus que sept, sa pire performance depuis près d’un demi-siècle.

Quand on lui demande si M. St-Pierre Plamondon est un chef rassembleur, il répond : « regardez les sondages », qui placent le PQ au bas de l’échelle des intentions de vote.

Il estime que le projet de « modernisation » prôné par le chef équivaut en fait à un recul, en donnant dans le clientélisme.

La goutte qui a fait déborder le vase et provoqué son départ vendredi a été l’attitude de son chef qui n’aurait pas défendu ses prises de position sur le projet de loi 59, soit la réforme du régime de santé et sécurité au travail. La brouille s’était aggravée, par ailleurs, quand son chef avait pris position en faveur de l’imposition de la loi 101 au cégep, une proposition avec laquelle il n’est pas d’accord.

Sociologue de formation, ancien enseignant et ancien bûcheron, il avait été élu une première fois en 2012, puis réélu en 2014 et 2018. Cette année-là, le député de Bonaventure avait souffert d’un cancer de la gorge, dont il est désormais guéri.

M. Roy prévoit faire le point publiquement sur son avenir lundi.