(Ottawa) Un projet de loi créant un jour férié pour commémorer l’héritage tragique des pensionnats autochtones au Canada a obtenu la sanction royale après avoir été adopté à l’unanimité jeudi par le Sénat.

L’adoption rapide du projet de loi C-5 signifie que le 30 septembre prochain deviendra la première journée nationale pour la vérité et la réconciliation.

Les deux chambres du Parlement ont été incitées à accélérer l’adoption du projet de loi après la découverte macabre la semaine dernière de ce que l’on pense être les restes de 215 enfants autochtones sur les lieux d’un ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique.

Le projet de loi crée un jour férié pour les employés du gouvernement fédéral et les lieux de travail sous réglementation fédérale.

Le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, a déclaré jeudi au Sénat que l’objectif est de donner aux Canadiens l’occasion de la découverte et de la réflexion sur un chapitre sombre de l’histoire de leur pays et de commémorer les survivants, leurs familles et leurs collectivités, comme le demandent le Commission de vérité et réconciliation et des dirigeants autochtones.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault

Au cours de plus de 100 ans, quelque 150 000 enfants autochtones ont été arrachés à leur famille et forcés de fréquenter des pensionnats dirigés par l’Église, où beaucoup ont subi des sévices physiques et sexuels, la malnutrition et la négligence. Plus de 4000 d’entre eux seraient décédés.

Bien que le projet de loi ait été soutenu à l’unanimité au Sénat, M. Guilbeault a fait face à quelques questions sur le coût de la création d’une nouvelle journée fériée et s’il s’agit simplement d’un geste symbolique vide de sens.

Le leader conservateur au Sénat, Don Plett, a souligné que le gouvernement a tardé à mettre en œuvre les 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, y compris ceux qui traitent de la localisation et de la commémoration des lieux de sépulture dans les pensionnats.

« Pourquoi, monsieur le ministre, avez-vous choisi de vous concentrer sur cet appel à l’action (pour créer une journée nationale pour la vérité et la réconciliation) et pas sur d’autres ? », a demandé M. Plett.

Monsieur le ministre, est-ce parce qu’il est plus facile de donner (un congé) aux bureaucrates, parce que ce sont vraiment les bureaucrates qui prennent congé ici, que de travailler sur les problèmes les plus urgents, mais difficiles auxquels sont confrontées les communautés autochtones chaque jour de la semaine ?

Don Plett, leader conservateur au Sénat

M. Plett a en outre demandé comment le gouvernement pouvait s’assurer que ce soit un jour de commémoration et pas simplement un « jour pour rester à la maison, s’allonger et regarder la télévision ».

M. Guilbeault a reconnu que le gouvernement ne peut forcer les gens à profiter de la journée pour réfléchir au traumatisme causé par les pensionnats. Mais il a exprimé l’espoir que ce sera semblable au jour du Souvenir, créant une occasion d’éduquer et de rappeler aux Canadiens l’histoire des pensionnats, d’honorer les victimes et de célébrer les survivants.

M. Guilbeault n’a pu fournir aucun détail sur les plans fédéraux pour marquer la première journée de vérité et de réconciliation le 30 septembre. Les commémorations devraient être dirigées par des Autochtones, a-t-il déclaré.

Les responsables ont estimé que le jour de congé coûtera au gouvernement fédéral près de 166 millions chaque année, principalement en perte de productivité, et 223 millions supplémentaires pour les employeurs sous réglementation fédérale.