(Ottawa) Justin Trudeau a exprimé sa tristesse et son horreur par rapport à la découverte des restes de 215 enfants enterrés sur le site d’un ancien pensionnat autochtone à Kamloops, en Colombie-Britannique, et il a promis des « actions concrètes ».

« En tant que père, je ne peux imaginer ce que cela me ferait de me faire enlever mes enfants. Et en tant que premier ministre, je suis consterné par la politique honteuse qui a arraché les enfants autochtones à leurs communautés », a laissé tomber le premier ministre en marge d’une annonce, lundi.

Il a soutenu que les drapeaux des édifices fédéraux resteront en berne « jusqu’à nouvel ordre » pour honorer les 215 enfants qui ont perdu la vie à l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops, ainsi que les survivants des pensionnats et leur famille.

« L’héritage tragique des pensionnats est encore présent aujourd’hui, et notre gouvernement va continuer d’être là pour soutenir – avec des actions concrètes – les survivants, leurs familles et leurs communautés partout au pays », a soutenu Justin Trudeau.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Justin Trudeau

Il a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un incident isolé. « Nous n’allons pas ignorer cela. Nous devons reconnaître la vérité. Les pensionnats autochtones étaient une réalité – une tragédie qui existait ici, dans notre pays, et nous devons l’admettre », a ajouté le premier ministre.

Il compte s’entretenir directement avec les trois ministres responsables des affaires autochtones, soit Carolyn Bennett, Marc Miller et Dan Vandal, plus tard dans la journée, mais aussi avec l’ensemble de son cabinet, qui se réunit lundi, comme d’habitude.

« Nous avons promis des actions concrètes, et c’est comme cela que nous allons appuyer les survivants, les familles et les peuples autochtones », a signalé Justin Trudeau, sans trop vouloir s’avancer sur la nature des gestes qui pourraient être posés.

Dans le budget de 2019, le gouvernement a investi 33,8 millions sur trois ans, afin d’« élaborer et tenir à jour un registre national de décès des élèves des pensionnats indiens » et « collaborer avec les parties en vue d’établir et de tenir à jour un registre en ligne des cimetières des pensionnats ».

Ces sommes étaient annoncées pour répondre à quelques-uns des 94 appels à l’action (les appels 72 à 76) de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. En 2020, l’Assemblée des Premières Nations a parlé de « progrès modérés » pour la catégorie « Enfants disparus et renseignements sur l’inhumation ».

« Des progrès peuvent être réalisés dans le cadre de l’appel à l’action 74, si d’autres provinces suivent l’initiative de l’Ontario de restituer les dépouilles mortelles aux communautés autochtones », lit-on dans le bulletin produit par l’organisation.

Débat en Chambre mardi

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a demandé lundi qu’un débat d’urgence à la Chambre des communes en soirée. Sa requête a été rejetée ; les députés ont plutôt unanimement consenti à la tenue de discussions mardi.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Jagmeet Singh

Vendredi, les élus fédéraux avaient observé une minute de silence en mémoire des enfants retrouvés et des survivants des pensionnats autochtones. Lundi, pendant la période des questions en Chambre, il a beaucoup été question de cette tragique découverte.

Le chef de l’opposition officielle, Erin O’Toole, s’est tourné vers Twitter pour partager son désarroi.

« Comme parent, je ne peux imaginer la douleur de ces 215 familles et pour la communauté. Cette découverte tragique est aussi douloureuse pour les innombrables survivants qui ont été soumis aux pensionnats en tant qu’enfants autochtones », a-t-il écrit.

« Ce chapitre n’est pas clos et nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir pour parvenir à une véritable réconciliation pour ces actes odieux », a ajouté M. O’Toole.

La nature des restes retrouvés sous terre a été confirmée la fin de semaine passée avec l’aide d’un spécialiste en radars pénétrants, selon ce qu’a déclaré jeudi dernier la chef Rosanne Casimir, de la Première Nation Tk’emlups te Secwépemc.

Elle a évoqué une « perte impensable dont on a parlé, mais qui n’a jamais été documentée au Pensionnat de Kamloops ». Les décès ne semblaient pas documentés, bien qu’un archiviste du musée local travaille avec le Royal British Columbia Museum pour voir si des archives sur les décès peuvent être trouvées, selon elle.

Certains des enfants n’avaient que 3 ans, a noté la chef Casimir.

L’école était autrefois la plus grande du système des pensionnats autochtones du Canada.

Avec La Presse Canadienne