« On va organiser un meeting. On va obtenir du feedback. » Même Pauline Marois utilise des mots anglais. Dans le cadre de la campagne de promotion Ne perds pas ton français de la Fondation pour la langue française, l’ex-première ministre s’est entretenue avec La Presse pour rappeler que la protection de la langue, c’est l’affaire de tous.

Pauline Marois ne fait pas exception. Il lui arrive d’utiliser des mots anglais dans ses conversations. « Je vous jure que chaque fois, ça m’amène à réfléchir et à me dire que je devrais éliminer ces mots de mon vocabulaire », dit-elle.

« C’est en parlant bien et en ne permettant pas à l’anglais de s’infiltrer et de contaminer notre façon de parler qu’on arrivera à protéger le français », martèle la présidente de la campagne.

Dans les prochains jours, l’organisme lancera Le très petit dictionnaire de la langue française, édition 2040, comme outil promotionnel. L’ouvrage, qui recense les 300 derniers mots qui seront utilisés dans un avenir rapproché si l’anglais continue à gagner du terrain, sera prochainement distribué aux médias et à des influenceurs. La Fondation souhaite ainsi rappeler que la protection de la langue n’est pas seulement la responsabilité du gouvernement et des lois.

« Ce petit dictionnaire est provocateur, c’est voulu, explique Mme Marois. C’est parce qu’on veut envoyer le message que si on ne s’occupe pas de la langue, elle va s’atténuer. Ce ne sera peut-être pas en 2040, mais un jour, ça risque d’arriver. »

L’ancienne cheffe du Parti québécois se dit « inquiète », surtout lorsqu’elle consulte les plus récentes projections de l’Office québécois de la langue française, qui prévoit que de 74 % à 76 % des gens parleront français à la maison en 2036 au Québec, alors qu’ils sont 82 % actuellement.

Projet de loi 96 et souveraineté

Le lancement du Très petit dictionnaire arrive deux semaines après le dépôt du projet de loi 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français. Cette réforme de la loi 101 était « essentielle », estime Mme Marois.

« La langue de travail, c’est là que le bât blesse le plus. Dans les petites et moyennes entreprises, on parle souvent anglais, parfois une autre langue et parfois, pas du tout français », dit-elle. En vertu de la nouvelle loi, la francisation serait étendue aux entreprises de plus de 25 employés (au lieu de plus de 50 employés actuellement). Mme Marois n’a pas voulu s’étendre sur le projet de loi 96, mais elle est persuadée qu’il aura un effet positif s’il est adopté.

Au sujet du Parti québécois qui continue à perdre des plumes selon de récents sondages, Pauline Marois ne désespère pas. Du moins, pas publiquement. « C’est un parti qui a des racines très profondes, qui a une grande histoire, et je crois qu’il faut continuer à faire confiance à sa capacité de faire avancer le Québec avec sa vision, son point de vue. »

Elle est d’ailleurs convaincue que la souveraineté « est toujours un projet pour l’avenir du Québec », mais un « projet qui n’est pas nécessairement à l’ordre du jour ».