(Ottawa) Le sénateur Mike Duffy, qui aura 75 ans jeudi, quitte le Sénat après plus d’une douzaine d’années où le scandale de ses dépenses aura éclipsé l’essentiel de sa carrière en cette « chambre de réflexion » du Parlement.

Courriériste parlementaire à Ottawa pendant plus de trois décennies pour CBC puis CTV, il a fait son entrée au Sénat en janvier 2009, nommé par le premier ministre de l’époque, Stephen Harper.

M. Duffy a plus tard été suspendu sans solde pendant près de deux ans en raison d’un scandale sur ses dépenses de fonctions.

Il a finalement été acquitté de 31 accusations criminelles en 2016.

Cette saga a duré encore jusqu’en août dernier, lorsqu’il a vainement tenté d’annuler une décision du tribunal qui l’empêchait de poursuivre le Sénat pour des millions de dollars en dommages, à cause de sa suspension.

Le sénateur représentant l’Île-du-Prince-Édouard a servi une ultime salve, le mois dernier, dans son dernier discours au Sénat, qu’il a accusé de ne pas traiter équitablement ses membres et de résister aux réformes.

« Le Sénat n’est pas élu et n’a de comptes à rendre à personne d’autre qu’à lui-même, déclarait-il le 30 avril. Malheureusement, ce concept a été déformé pour signifier que les sénateurs ne sont pas autorisés à respecter l’équité procédurale dont bénéficient tous les autres résidents du Canada. »

« Malheureusement, les sénateurs réformistes apprennent qu’il n’est pas facile d’apporter des changements ici », ajoutait-il.

Toutefois, en réalité, l’affaire Duffy a entraîné la transformation la plus radicale du Sénat depuis sa création, en 1867.

Ce scandale avait poussé Justin Trudeau, alors chef du deuxième parti d’opposition, à exclure tous les sénateurs de son caucus parlementaire, en 2014. Lorsqu’il est devenu premier ministre, il a ensuite mis sur pied un comité de recommandation de candidats non partisans pour le Sénat.

Selon le sénateur Peter Harder, le premier ministre Trudeau n’aurait pas transformé le rôle du Sénat, devenu beaucoup plus indépendant, sans cette controverse.

« Sans cela, nous n’aurions pas vu des sénateurs indépendants être nommés », a estimé mercredi M. Harder, qui siège au sein du groupe des sénateurs progressistes.

On compte maintenant 70 sénateurs qui sont membres de groupes sans affiliation partisane. Il n’en reste que 20 dans le caucus des sénateurs conservateurs, le seul groupe irrévocablement partisan.

À la retraite de Mike Duffy, à 23 h 59 mercredi soir, 15 sièges seront vacants au Sénat.