(Québec) Un projet pour le « réchauffement climatique », « surréaliste », des études inexistantes, un « désastre pour Québec »…

Les trois partis de l’opposition à l’Assemblée nationale n’ont pas mâché leurs mots mardi pour attaquer le projet de tunnel à près de 10 milliards de dollars que veut creuser le gouvernement entre Québec et Lévis.

Après Québec solidaire et le Parti québécois, c’était au tour du Parti libéral du Québec de tirer à boulets rouges sur le projet de troisième lien de la CAQ, mardi matin, au moment de la reprise des travaux parlementaires. Un gouvernement libéral mettrait la hache dans un « tunnel caquiste », a promis la cheffe Dominique Anglade.

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Dominique Anglade

« [Ce projet] est non seulement irresponsable, il est surréaliste, il est pharaonique, puis moi, je dirais même qu’il est rétrograde », a martelé l’élue.

« La CAQ ne nous a pas démontré, avec quelque étude scientifique que ce soit qui appuyait son projet, comment est-ce que ce tunnel de François Legault allait régler quelque problème que ce soit », a ajouté Mme Anglade.

Selon elle, ce projet est avant tout « électoraliste ». « Il n’y a pas d’autre moyen de le décrire. »

Le Parti québécois remet aussi en question la pertinence de ce tunnel de 8,3 km, qui doit coûter entre 7 et 9,5 milliards, selon les estimations mêmes du gouvernement.

« La CAQ doit reculer », lance le chef de la formation, Paul St-Pierre Plamondon. « On est toujours à la recherche d’études sérieuses qui viennent démontrer en quoi ces 10 milliards de dollars là régleront, combleront un besoin, amélioreront les transports dans la grande région de Québec. »

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Paul St-Pierre Plamondon

Rappelons que contrairement aux façons de faire habituelles, le gouvernement n’a pas jugé bon de présenter une étude d’opportunité sur un éventuel tunnel entre Québec et Lévis.

Selon le chef péquiste, le gouvernement est prêt à injecter 10 milliards dans un tunnel alors même qu’il impose des cadres budgétaires austères à des projets de transports en commun comme la ligne bleue à Montréal ou le tramway de Québec.

« Un désastre pour Québec »

La députée solidaire Catherine Dorion parle quant à elle de « désastre » pour la ville de Québec. Sa circonscription, Taschereau, doit accueillir l’une des deux sorties d’autoroute du tunnel sur la rive nord, en plein quartier Saint-Roch.

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Catherine Dorion

Le gouvernement assure que cette sortie sera aménagée de manière respectueuse, ce que peine à croire Mme Dorion. « Arrêtez de nous bullshiter. Vous allez bulldozer une grande partie de Saint-Roch, craint-elle. Ça va être dégueulasse. »

« Un troisième lien, c’est un désastre pour la ville de Québec », juge celle qui représente le centre-ville de la capitale à l’Assemblée nationale.

La co-porte-parole solidaire, Manon Massé, parle quant à elle de « projet d’écoblanchiment olympique » et de « projet de réchauffement climatique ».

Legault défend son projet

Le premier ministre François Legault s’est levé à répétition en chambre pour défendre son projet. Selon lui, il existe « un problème de mobilité entre la rive nord et la rive sud » à Québec que son tunnel est le mieux à même de résoudre.

Il a tour à tour accusé les membres de l’opposition d’être déconnectés ou encore de ne pas avoir de députés dans Chaudière-Appalaches. Il a ainsi invité Manon Massé « à aller rencontrer les gens de Chaudière-Appalaches, les gens de Lévis, qui ont de la difficulté à se rendre à Québec pour venir travailler ».

« Qu’est-ce qu’elle leur dit ? Elle leur dit : « Ça ne m’intéresse pas. Moi, Québec solidaire, tout ce qui m’intéresse, c’est Montréal. C’est Montréal » », a lancé le premier ministre.

« Elle a deux députés à Québec, mais on verra, l’année prochaine, combien il en reste, puis à ce que je sache, elle n’en a aucun dans Chaudière-Appalaches, puis ça va rester comme ça », a prévenu François Legault.