(Québec) Le Parti libéral du Québec (PLQ) dit vouloir effectuer un virage « vers le progrès » en économie et mettre fin au chantage de certaines entreprises.

Un gouvernement mené par Dominique Anglade encouragerait ainsi davantage les entreprises qui redistribuent les profits à leurs employés, ou qui embauchent des personnes handicapées, ou encore font appel à des fournisseurs locaux et ont recours à des technologies propres.

Les appels d’offres de l’État comporteraient aussi des critères environnementaux et de provenance locale. Même la Caisse de dépôt et placement pourrait difficilement acheter le matériel roulant de son REM en Inde plutôt qu’au Québec.

Plus à gauche ?

Le PLQ est-il en train d’adopter des politiques économiques de gauche ?

« C’est un virage vers le progrès », a répondu la cheffe libérale à Montréal, vendredi, où elle présentait sa nouvelle « vision économique » en conférence de presse.

« Est-ce qu’on veut retourner à ce que c’était avant 2019 ? Au statu quo ? Ou est-ce qu’on veut se projeter dans l’avenir, vers une société qui va être plus juste, pour l’ensemble des Québécois, et plus collée sur nos valeurs ? »

À ses côtés, l’ancien ministre des Finances Carlos Leitão, qu’on a longtemps associé à l’austérité budgétaire, dit avoir changé ses conceptions économiques depuis la pandémie.

« Tu veux t’en aller ? Goodbye ! »

Selon lui, le Québec ne s’expose pas à une fuite des capitaux s’il impose de nouvelles règles sociales et environnementales aux entreprises.

« Les marchés vont s’orienter vers ce type d’entreprises », a plaidé Mme Anglade.

Et M. Leitão a un message pour les compagnies qui veulent résister et menacer de partir.

« Dominique et moi avons subi des pressions quand nous étions au gouvernement : “Donne-moi ça, sinon je m’en vais.” Je pense qu’on devrait dire alors : “Tu veux t’en aller ? Goodbye !” »

Exemplarité

Dans l’attribution d’aides financières du gouvernement, de prêts ou d’avantages fiscaux, un gouvernement libéral favoriserait ainsi les entreprises exemplaires sur le plan social et environnemental.

L’entrepreneur ne doit pas penser en premier lieu qu’à son enrichissement individuel, plaide Mme Anglade.

« Au moment même où une entreprise crée la richesse, il faut commencer la redistribution. Au moment où elle décide de fabriquer un produit quelconque, il faut qu’elle se dise : “comment je redistribue en même temps ?” »

Entreprises à mission

Le PLQ suggère aussi d’instaurer une nouvelle catégorie d’entreprise, les entreprises « à mission », qui viseraient le progrès social et environnemental, en plus de la rentabilité financière. Ce type d’entreprises existe déjà dans des États américains et en Colombie-Britannique.

L’État s’engagerait à favoriser le développement de ces entreprises, notamment par des incitatifs fiscaux et l’accès aux marchés publics, en leur donnant automatiquement accès à une qualification accélérée.

PIB

Les libéraux souhaitent également ajouter un autre indicateur qui documenterait mieux le progrès social que le Produit intérieur brut (PIB). Il pourrait par exemple tenir compte du niveau de scolarité, du nombre de personnes bénévoles et d’autres composantes.

Appels d’offres

Un gouvernement Anglade intégrerait en outre des critères d’impacts environnementaux dans les appels d’offres du gouvernement. Le Parti québécois (PQ) avait d’ailleurs déjà demandé l’ajout de critères « verts » dans les appels d’offres de l’État et la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, avait manifesté son ouverture.

Le PLQ souhaite l’abandon de la règle du plus bas soumissionnaire, en faveur donc de critères de qualité, de provenance locale et d’impacts sociaux, ou encore, de limitation des bonis aux hauts dirigeants.

Un cas comme la Caisse de dépôt et placement qui a attribué son contrat de voitures du REM en Inde plutôt qu’à une entreprise locale comme Bombardier-Alstom ne serait plus envisageable.

« Ça fait partie des choses qui devraient être reconsidérées », a résumé Mme Anglade.

Les libéraux sont-ils ainsi forcés de se réaligner parce que la Coalition avenir Québec (CAQ) soutient leur avoir dérobé le titre de « parti de l’économie » ? Carlos Leitão assure que non.

« La Coalition avenir Québec est le parti de l’économie du 20e siècle, alors que nous sommes et voulons être le parti de l’économie du 21e siècle. Le 20e siècle est terminé depuis 20 ans et les caquistes sont encore coincés dans cette mentalité. »