(Ottawa) Le Bloc québécois compte déposer une motion pour voir si les élus fédéraux cautionnent les belles paroles de leurs chefs. Ceux-ci disent tous respecter la volonté du Québec de modifier sa section de la constitution canadienne.

Mardi, le premier ministre Justin Trudeau en a surpris plusieurs en déclarant que le Québec avait le droit d’inscrire dans la constitution, de façon unilatérale, qu’elle forme une nation et que le français est sa langue officielle. Il disait se baser sur les avis d’experts au ministère de la Justice.

Les autres chefs fédéraux ont fait écho à ses propos.

Erin O’Toole, du Parti conservateur, a soutenu que son parti respecterait toujours les compétences des provinces incluant la modification des articles de la constitution qui leur sont dédiés. Jagmeet Singh, du Nouveau Parti démocratique, a renchéri en disant que le Québec a le droit de protéger sa langue.

« Nous, on est bien sûr heureux de ça, mais on s’attend à ce que ça fasse débat au sein du Canada », a soutenu le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, lors d’une conférence de presse mercredi.

C’est pourquoi son parti déposera une motion en début de semaine prochaine visant à mesurer les appuis réels au fait que le Québec modifie la constitution de son propre gré. M. Blanchet n’a pas voulu en dévoiler le libellé exact tout de suite, mais a laissé entendre qu’elle se baserait sur deux principes.

Tout d’abord, elle vise à vérifier si la Chambre des communes souscrit bel et bien au fait que le Québec peut inscrire, dans son projet de loi 96, le fait de modifier sa partie de la constitution en y inscrivant qu’elle constitue une nation et que le français est sa langue officielle.

Ensuite, elle vise à retirer des mains de l’Université d’Ottawa le Programme de contestation judiciaire, citant les récentes décisions de l’institution et de son recteur.

« L’Université d’Ottawa, par ses comportements et ses choix récents, n’est pas digne d’avoir le mandat de gérer un tel programme », a martelé M. Blanchet, en précisant que le Bloc « n’est pas contre ce programme-là » et qu’il « doit rester » à condition d’être confié à une autre entité.

M. Blanchet plaide, qu’en « toute cohérence », les élus fédéraux ne peuvent pas, selon lui, cautionner le droit légitime du Québec d’inscrire sa spécificité dans la constitution tout en finançant des contestations judiciaires, directement ou indirectement, sur ces mêmes choix.

« Si, à l’intérieur d’un couple, une partie dit à l’autre : je suis totalement d’accord avec toi, mais je vais faire le contraire, ça se pourrait que le couple soit en péril. C’est un peu la même chose », a-t-il offert à titre comparatif.

M. Blanchet se défend de vouloir tendre un piège aux collègues des autres partis, mais estime que l’occasion est trop belle, vu les récentes déclarations des chefs fédéraux sur le droit du Québec de modifier la constitution, de connaître le fond de la pensée de leurs députés.