(Québec) Les organismes voués à aider les hommes à briser le cycle de la violence conjugale pourront se partager 19,8 millions au cours des cinq prochaines années.

Ils pourront ainsi offrir davantage de services et surtout intervenir plus rapidement auprès des conjoints violents qui crient au secours, de crainte d’un dérapage imminent.

Au total, 36 organismes se partageront l’aide gouvernementale, qui permettra d’embaucher une soixantaine d’intervenants additionnels.

Actuellement, un homme qui lance un appel à l’aide peut devoir attendre un ou deux mois avant d’avoir accès à des services de soutien, faute de ressources disponibles.

En procédant à l’annonce jeudi, Québec a dit vouloir agir en amont, en vue d’éviter d’autres féminicides. Le Québec a déploré 10 féminicides depuis le début de l’année.

Un « tabou historique » est ainsi levé, a fait valoir la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, en conférence de presse, rappelant que dans le passé les gouvernements s’étaient bien peu intéressés au financement des organismes d’aide aux hommes quand venait le temps de s’attaquer au fléau de la violence conjugale.

Le soutien aux organismes masculins vise à « briser le cycle de la violence à sa source », a-t-elle dit, insistant sur la nécessité d’agir « sur tous les fronts » pour enrayer la violence faite aux femmes.

Il s’agit là du « maillon fondamental », de l’angle mort de la spirale de violence conjugale, a ajouté la ministre, rappelant qu’en général, les hommes ont plus de réticences à demander de l’aide.

Se disant convaincue de l’urgence d’agir, elle s’est engagée à expédier les premiers chèques aux organismes d’ici un mois.

Le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, a souligné pour sa part qu’il importait d’élargir la notion de « violence conjugale », de manière à inclure la violence verbale, psychologique, sexuelle ou financière, et pas seulement la violence physique.

Présente à la conférence de presse, Sabrina Nadeau, directrice générale de l’Association à cœur d’homme, qui regroupe une trentaine d’organismes d’aide aux conjoints violents, a salué l’annonce en disant que l’intervention menée auprès des hommes qui demandent de l’aide avait fait ses preuves depuis une trentaine d’années.

« Oui, ça fonctionne. Il y a des résultats », a-t-elle commenté, tout en ajoutant que la problématique était souvent complexe et l’impact variable.

Les organismes se font un devoir d’« accueillir sans jugement » les hommes qui font appel à eux, en vue de leur apporter le soutien requis et « la motivation » à changer de comportement, a commenté Mme Nadeau.

À cœur d’homme peut aussi offrir des services aux femmes victimes de violence, qui se demandent comment « aborder le sujet » avec leur conjoint et le convaincre de demander de l’aide, d’aller consulter.

Le coup de pouce gouvernemental apporté jeudi aux organismes masculins constitue un des volets de l’annonce plus globale faite la semaine dernière, en vue de contrer la violence faite aux femmes. Québec avait annoncé alors un total de 222,9 millions répartis sur cinq ans pour diverses initiatives, ce qui incluait 92 millions pour consolider le réseau des maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence.

D’autres annonces devraient suivre dans les prochaines semaines pour les volets reliés aux équipes dédiées au sein des corps policiers et des services offerts en relation avec le système de justice.